Elles sont doublement discriminées

Les femmes des minorités visibles sont doublement discriminées en matière d’emploi au Canada selon plusieurs études récentes autour de l’inégalité salariale d’une province à une autre. En plus des difficultés liées à leur origine, les femmes des communautés ethnoculturelles font face également à des distinctions liées à leur sexe en matière de recherche d’emploi.
C’est l’Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS) qui a mis en lumière ces disparités dans une Note, parue en avril 2017, sous la plume de la chercheuse Marie-Pier Roberge.
« Les hommes gagnent un plus haut revenu que les femmes, et ce peu importe leur appartenance à une minorité visible ou non. Les femmes de minorités visibles sont celles qui, sans l’ombre d’un doute, gagnent les salaires les plus faibles.», écrit-elle dans ses conclusions.
Disparité salariale
-Femmes des communautés culturelles : 32.354 dollars (2010)
-Taux de chômage : 13,8%
-Femmes blanches : 38,147 dollars
-Taux de chômage : 5,7%
La discrimination à l’embauche se matérialise très clairement lorsqu’on compare les taux d’activité et de chômage entre les deux catégories de femmes.
« Ayant une probabilité plus faible d’être convoquées pour une entrevue, ces personnes risquent plus de devoir accepter un poste inférieur à leurs compétences. »-Marie-Pier roberge
De plus, selon un « Portrait statistique – Égalité, femmes hommes » (2010) réalisé par le Conseil du statut de la femme (CSF), plus de femmes soit 16.7% travaillent à temps partiels comparativement à 10,8% d’hommes.
« Cette proportion plus grande dans le travail à temps partiel s’explique par leurs responsabilités hors marché du travail. », explique Marie-Pier Roberge dans sa Note en parlant des tâches ménagères et de leur rôle dans l’éducation des enfants.
« Réduire leur présence plus grande dans ce régime de travail à un simple choix participe à une sous-valorisation de ces responsabilités, comme si l’on tenait pour acquis qu’elles incombent naturellement aux femmes. », commente-t-elle plus loin.
Citant une étude de Claudia Goldin, professeure à Harvard, Mme Roberge fait remarquer que ces écarts tendent à augmenter au fil de temps lorsque les femmes voient augmenter leurs responsabilités familiales et leur quantité de travail non rémunéré.
Ce double rôle les oblige à accepter des emplois à temps partiel permettant une plus grande flexibilité, afin de pouvoir concilier travail et vie de famille. En somme, c’est une forme de travail non socialement reconnu et non valorisé, le travail domestique, qui force les femmes à rechercher cette flexibilité sur le marché de l’emploi.
« En ce sens, nous concluons donc que les femmes ne gagnent pas moins parce qu’elles font des choix différents, mais plutôt parce qu’elles subissent des pressions systémiques auxquelles échappent la plupart des hommes. »-Marie-Pier Roberge dans : « Salaires inégaux, à qui la faute? ».
Au Canada, c’est en Île-du-Prince-Édouard que le fossé est moins grand entre les femmes et les hommes en terme de salaire, soit 10%. Il est le plus haut à Terre-Neuve-et-Labrador ( 30%. Alors qu’au Québec ainsi qu’en Nouvelle-Écosse, il se situe entre 14 à 18%