Un total de 154 jeunes du Québec ont reçu, dimanche dernier au Centre Pierre Péladeau à Montréal, une bourse pour leur persévérance scolaire de la part du Fonds 1804 lors de leur 10^e Gala. Seulement une vingtaine pouvait se prévaloir de cette distinction dont l’actuel conseiller municipal à Montréal-Nord Philippe Thermidor.

« Il y a 10 ans nous avons planté une graine avec espoir qu’elle devienne un arbre mature. Aujourd’hui, cet arbre offre ombre et réconfort à ceux qui en ont besoin. Il a grandi et ses branches s’étendent loin», note le président de l’organisme, Édouard Staco.

Un nombre important de ces bourses allant de 250 à 1000 dollars ont été octroyées par des politiciens de la diversité qui étaient nombreux à la cérémonie, dont le  ministre de la Lutte au racisme du gouvernement du Québec, Christopher Skeete. «C’est une cause qui me tient à cœur», a-t-il dit d’emblée en prenant la parole devant plusieurs centaines d’écoliers, d’enseignants et personnalités impliquées en éducation.

Un ministre persévérant

«Aux jeunes je me  permets de vous dire que tout est possible », a ajouté M. Skeete qui rappelle son milieu modeste lorsqu’il était jeune. Sa mère travaillait de soir ou de nuit e le jeune Skeete était souvent seul.

 «Je me souviens, dit-il, que chez nous on mettait des sacs de couchage sur la fenêtre de notre appartement  non chauffé adéquatement, par temps froid  et qu’on allumait le four avec la porte ouverte afin de nous réchauffer»

Le ministre a parlé de son parcours de combattant à l’école et à quel point il a tenu bon : le jeune Skeete a doublé la 2e année, fait l’école d’été en 6e année, mis  4 années pour faire un DEC de deux ans, 10 ans pour un bac de trois ans et 4 ans pour une maitrise de 2 ans.

«Je suis pratiquement un persévérant», lance le politicien sous les applaudissements de la salle remplie de boursiers, de parents et ambassadeurs du Fonds.

«La chose à se souvenir ce n’est la destination, mais le voyage », conseille Christopher Skeete aux jeunes.

Depuis 10 ans, ce sont plus de 1500 Québécois, notamment des communautés noires et autres qui ont reçu une bourse d’une valeur allant de 250 à 1000 dollars afin de souligner leurs efforts à l’école.

Au total, cette initiative de la communauté noire et empreinte d’universalité a permis d’amasser un demi-million de dollars depuis une dizaine d’années. Parmi les donateurs, on retrouve des gens fortunés aussi bien que des petites bourses comme une ancienne «restavek», (en Haïti, une mineure qui travaille comme bonne). Elle a déjà donné, de son petit cochon, 236 dollars en pièce de monnaies au Fonds .

Plan de pérennisation

«Le Fonds doit aller au-delà des fondateurs», indique son président, Édouard Staco. En ce sens, il a annoncé le lancement d’une campagne de financement qui vise à amasser un million de dollars d’ici un an. Le but, dit-il, est de transférer le Fonds à toute la communauté, mais en même temps «simplifier le travail des successeurs».

L’argent serait investi et les dividendes devraient assurer la remise des bourses aux jeunes persévérants sans passer par des dons volontaires. En ce sens, de jeunes employés, très diversifiés, de la Caisse de dépôt travaillent avec l’organisme à travers le programme Impact 20-35 sur un Plan stratégique.  La Caisse est déjà un des partenaires du Fonds à travers l’Académie de leadership, Louverture-Mandela, une filiale du Fonds.

Toujours dans le cadre du 10e, l’organisme, en collaboration avec la professeure Marie McAndrew,  offre plusieurs bourses à l’intention de jeunes persévérants qui veulent devenir enseignants. Les postulants ont jusqu’au 1er mars prochain pour postuler à travers l’Université de Montréal (UdeM).

La bourse de $ 3000 est financée à égale portion par le Fonds et la professeure McAndrew, une chercheuse de renom en matière d’éducation au sein des communautés immigrantes.

1804 est une date à retenir dans l’Histoire de l’humanité. Celle où pour la première fois, l’esclavage a été aboli. Cela s’est passé en Haïti. Cette date souligne la persévérance de femmes et d’hommes croyant en l’égalité de tous et à la dignité pour tous. En nommant le Fonds 1804, nous offrons aux jeunes un modèle de persévérance et de fierté.

« Quand on a démarré le fonds, on voulait trouver un modèle de réussite. La pire situation qu’on peut connaitre c’est l’esclavage. La révolution 1804 d’Haïti est le meilleur exemple de réussite pour nos jeunes »-Édouard Staco.

Plusieurs personnalités ont été honorées lors de ce gala dont Raymond Laurent ainsi que l’artiste Dramatik pour ses contributions au mouvement