François Legault ferme la porte à un programme humanitaire pour des Haïtiens - Intexto, jounal nou
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Annoncé depuis mars dernier, le ministre canadien de l’Immigration, Marc Miller, a finalement déclaré ouvert aux demandes, vendredi, le programme humanitaire visant à accueillir 15000 migrants dont 4 000 sont déjà en territoire canadien. Toutefois, comme le craignaient les Haïtiens, majoritairement au Québec, ils ne pourront pas faire venir leurs frères, sœurs, parents ou grands-parents en raison du refus de François Legault, le premier ministre québécois de participer au programme.
En vertu de l’Accord Canada-Québec, ce dernier fixe ses propres niveaux d’immigration, dont le gouvernement du Canada tient compte dans le plan global des niveaux d’immigration. Le Québec reste seul responsable de la sélection de la plupart des immigrants qui s’y établissent. Et sans le CSQ, il coûterait trop cher à un résident permanent du Canada de vivre au Québec.
M. Legault, à travers le ministère québécois de l’Immigration, nous avait indiqué qu’il «contribue déjà à l’effort humanitaire, notamment en accueillant une grande part des demandeurs d’asile arrivant au Canada», pour justifier sa fin de non-recevoir au programme fédéral.
Malgré des négociations de dernière minute entre le fédéral et le provincial et les lobbys d’organismes de la communauté haïtienne, comme la Concertation haïtienne pour les migrants (CHPM), M. Legault n’a pas bronché. Deux de ses ministres, Lionel Carmant et Martine Biron, qui étaient venus faire une annonce de 4, 8 millions de dollars pour Haïti, à la Maison d’Haïti, avait promis de «porter le dossier». Nada, rien.
Une pétition recueillant déjà près de 9000 signatures, au moment d’écrire ces lignes, est en ligne actuellement pour demander au premier ministre Legault de revenir sur sa décision. Vous pouvez la signer ICI
Nous avons posé la question à Immigration Canada de savoir si les résidents du Québec pouvaient se chercher un co-garant ailleurs au pays afin de pouvoir appliquer pour leurs proches. Voici la réponse in extenso de Isabelle Dubois, la porte-parole du ministère.
- Les demandes doivent être déposées à l’extérieur du Canada et des États-Unis.
- Pour pouvoir présenter une demande, le demandeur doit satisfaire aux conditions suivantes
- être un ressortissant colombien, haïtien ou vénézuélien;
- vivre au Mexique, en Amérique centrale ou en Amérique du Sud, ou dans les Caraïbes;
- être l’époux ou l’épouse, le conjoint ou la conjointe de fait, l’enfant (sans égard à l’âge), le petit-enfant, le parent, le grand-parent ou le frère ou la sœur d’un citoyen ou d’un résident permanent du Canada qui accepte de soutenir votre demande;
- prévoir habiter à l’extérieur du Québec, le gouvernement du Québec avait indiqué qu’il ne participera pas à ce programme particulier. En vertu de l’Accord Canada-Québec, le Québec fixe ses propres niveaux d’immigration, dont le gouvernement du Canada tient compte dans le plan global des niveaux d’immigration. Le Québec reste seul responsable de la sélection de la plupart des immigrants qui s’y établissent ;
- posséder un passeport, un titre de voyage ou une pièce d’identité valide.
«C’est très bizarre leur réponse », nous dit le consultant en immigration depuis une vingtaine d’année, François Jean-Denis, qui dirige la firme Vision Max services. Il ajoute ne pas comprendre d’ailleurs pourquoi le premier ministre Justin Trudeau devrait absolument avoir l’aval de François Legault pour un tel programme.
Dans son communiqué annonçant le programme, Marc Miller affirme en grande pompe qu’il s’agit d’«une alternative à l’immigration irrégulière vers le nord via l’Amérique centrale pour certaines personnes déplacées en raison de l’instabilité politique, sociale et économique.»
Or, la majorité des migrants qui passaient par le Chemin Roxham entre 2017 et mars 2023, date à laquelle cette route a été fermée, proviennent d’Haïti.
«Il y a eu une augmentation importante de la migration irrégulière via l’Amérique centrale. Cela a entraîné une augmentation correspondante du trafic de migrants, de l’insécurité physique et de l’exploitation des personnes qui traversent la région», soutient Immigration Canada.
Or, avec la décision de Québec de ne pas prendre part au programme, les risques que la migration irrégulière se poursuive demeure toujours très grands.
Faits en bref
Pour être admissible à cette voie, le demandeur principal doit être un enfant (quel que soit son âge), un petit-enfant, un époux, un conjoint de fait, un parent, un grand-parent ou un frère ou une sœur d’un citoyen canadien ou d’un résident permanent qui accepte de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille comme un point d’ancrage pendant un an. Les personnes qui arrivent au Canada dans le cadre de la nouvelle voie humanitaire recevront des services avant leur arrivée, notamment une évaluation des compétences professionnelles et un aiguillage vers une organisation de fournisseurs de services d’établissement dans leur collectivité. Elles peuvent également être admissibles à une aide financière transitoire du Programme d’aide à la réinstallation.