Haïti: Canada appelle à un «retour à l’ordre constitutionnel» - Intexto, jounal nou
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C’est Emmanuel Dubourg, le député de Bourassa, d’origine haïtienne, qui porte la parole au nom du gouvernement canadien sur la situation en Haïti après que plusieurs groupes de pression eurent demandé à Justin Trudeau de le faire.
Il y a un peu plus d’une semaine qu’une manifestation ait lieu, à Montréal, devant les bureaux du ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau pour lui demander de cesser son appui à Jovenel Moïse.
« Je suis préoccupé par la situation politique et la sécurité en Haïti, mon pays d’origine.», commence par dire le député Dubourg dans une note publiée sur sa page Facebook le 1er mars dernier.
Dans sa publication, le parlementaire, membre du parti au pouvoir (Parti libéral du Canada PLC) appelle à la tenue d’élections en cette année 2021 pour, dit-il «assurer un renouveau démocratique»
Pour Ottawa, Haïti est sorti de l’ordre constitutionnel depuis la caducité du parlement « étant donné que l’actuel parlement haïtien est caduc et que le président J Moïse gouverne par décret »
«J’encourage vivement toutes les parties à s’engager dans un dialogue inclusif afin de trouver des solutions durables pour le peuple haïtien.» déclare Emmanuel Dubourg dans son message qui exprime la position du premier ministre Justin Trudeau.
C’est la première fois que le gouvernement s’exprime quasiment clair sur la situation haïtienne. Ces prises de position sont arrivées alors que plusieurs médias dont Radio-Canada mettent les projecteurs sur le pays, et accordent la parole aux protagonistes notamment les leaders de l’opposition en Haïti.
Une communauté polarisée aussi
Le week-end dernier, des proches du Jovenel Moïse ont manifesté devant les locaux de Radio-Canada, à Montréal, pour exprimer leur soutien au régime en place.
En revanche une « Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti » (CHCCDH), un regroupement d’une trentaine d’organisations et d’individus récemment formé à Montréal, exhorte dans une lettre adressée le 1er mars dernier à Justin Trudeau « à réviser la politique du Canada vis-à-vis d’Haïti au nom de la souveraineté d’Haïti et du droit à l’autodétermination de son peuple. »
La CHCCDH se dit « hautement préoccupée par la situation politique d’Haïti et par l’appui inconditionnel qu’apporte le Canada au pouvoir illégitime et inconstitutionnel de monsieur Jovenel Moïse dont le mandat est arrivé à terme le 7 février 2021 selon l’article 134-2 de la constitution haïtienne amendée. »
«Le gouvernement canadien appuie et finance la dictature au pouvoir ainsi que la police nationale d’Haïti qui a été transformée en milice du pouvoir. Ce faisant, il soutient des criminels en Haïti.», écrivent les organismes membres.
Ils rappellent que des massacres sont perpétrés quotidiennement sous la «dictature de Jovenel Moïse» par des gangs armés qui s’en prennent à la population des quartiers populaires.
Ces gangs opèrent en toute quiétude jusqu’à exiger et obtenir la révocation d’un ministre. Les kidnappings et les assassinats sont devenus le quotidien du peuple haïtien.
L’ONU a recensé 234 cas d’enlèvements en 2020. La terreur se répand et s’installe.
« La police nationale, transformée en bras armé de l’État, réprime les protestations citoyennes, persécute les opposants politiques et cible les journalistes. Les exécutions sommaires, les arrestations arbitraires, l’usage de balles réelles dans les manifestations, organisées par des opposant.e.s au gouvernement, sont devenus la norme. »- extrait de la lettre de la coalition
Pour assurer sa pérennité, estime le regroupement, « Moïse a mis en place un Conseil électoral provisoire non assermenté et inconstitutionnel qui a pour mission d’organiser les prochaines élections qu’il planifie avec la complicité du Canada, des Nations-Unies, de l’OEA et d’autres pays de la communauté internationale.»
« Au regard des principes fondamentaux de la démocratie et des droits de la personne, nous convions le Canada à se désolidariser du projet dictatorial de Jovenel Moïse qui a déjà commencé à piétiner tous les acquis démocratiques du peuple haïtien. »
La coalition invite tous ces membres à faire pression sur les députés de leur comté afin de pousser le Canada à retirer son appui au régime en place en Haïti.
La liste des coordonnées des parlementaires est fournie aux membres ou à toute personne intéressée.