Haïti et la guerre économique de D.Trump
Moyennant une «intelligence d’affaires », l’escalade d’imposition de taxes par les États-Unis sur une ligne de produits canadiens et européens pourrait impacter Haïti et sa diaspora positivement ou négativement suivant le cas d’après l’économiste haïtien Thomas Lalime.
En plus de l’aluminium (10%), Donald Trump ajoute des tarifs douaniers de l’ordre de 25 % sur les importations d’acier en provenance du Canada, du Mexique et des 28 pays membres de l’Union européenne (UE).
Dollars pour dollars, ces pays répliquent par une hausse de taxes sur une série de produits de première nécessité et sur les Jean’s , entre autres, totalisant plus de 16 milliards de dollars. Une situation qui fait augmentation, du coup, le coût de production de ces produits qui deviendront plus chers par ricochet.
« Si tu as un gouvernement en Haïti qui fait de l’intelligence d’affaires et qui regarde l’évolution des marchés et comment saisir les opportunités, il allait cibler les entrepreneurs visés par ces mesures et leur dire voici, nous, les avantages qu’on peut vous offrir »- Thomas Lalime, Dr en économie.
M. Lalime entre son annalyse dans le cadre de l’application de la Loi Hope II (Haitian Hemispheric Opportunity Through Partnership for Encouragement), qui arrive à échéance cette année et la prolongation de la loi HELP (Haiti Economic Lift Program) jusqu’en 2020.
La loi HOPE crée des nouvelles règles d’origine spéciales permettant à Haïti de bénéficier de préférences commerciales additionnelles dans les secteurs des industries d’habillement et des pièces de véhicules à moteur, à celles déjà opérationnelles à travers l’Initiative du Bassin de la Caraïbes (Caribbean Basin Initiative).
La première règle permet l’entrée en franchise de droits (aucun tarif à payer) pour un nombre limité de vêtements importés d’Haïti vers les États-Unis si 50% de la valeur des inputs et/ou coûts de transformation (entièrement assemblés ou taillés) sont d’Haïti, des États-Unis ou d’un autre pays étant un partenaire commercial (c’est-à-dire ayant un accord de libre-échange) des États-Unis durant les trois premières années de l’entrée en vigueur de la loi HOPE.
Le pourcentage augmente à 55% durant la quatrième année et à 60% durant la cinquième année.
Importer l’inflation
La guerre économique de Trump pourrait impacter Haïti négativement si le gouvernement ne fasse pas valoir les avantages à faire confectionner au pays les jeans que l’Amérique du Nord commandait de l’Europe. Le carnet de commande de l’industrie textile haïtienne pourrait diminuer ce qui pourrait solder par une baisse d’emploi parmi les ouvriers.
Par ailleurs, Thomas Lalime comme tant d’autres économistes, prévoit une récession de l’économie américaine dans le cadre de cette guerre. « Rappelez-vous que lorsque les États-Unis fonctionne au ralenti, l’économie mondiale a tendance à suivre », dit-il.
Il note surtout qu’environ 60 % d’un véhicule est constitué d’acier. En augmentant la taxe sur ce produit, le prix de ces véhicules augmentera probablement. Selon certaines estimations, le coût des composantes d’une voiture pourra augmenter d’entre 8 et 10 %.
Le prix des canettes de bière, à base de l’aluminium, devra suivre la même tendance. Le prix de l’ensemble des produits concernés par les tarifs augmentera aussi. « Une inflation mondiale est en train de se pointer à l’horizon. Et comme Haïti est un pays importateur net, l’inflation mondiale sera, en grande partie, importée localement. »
Les conséquences de cette inflation mondiale pourraient être multiples pour le pays. À commencer par des répercussions sur la diaspora qui pourrait perdre leur emploi. Car, la plupart du temps, les immigrants sont les premiers à être victime d’une guerre économique ou de ralentissement.
« Ces gens vont devoir couper dans leur budget de dépenses notamment dans les montants qu’ils consentaient à envoyer à leur proches au pays », fait remarquer l’économiste Thomas Lalime.