Haïti : les négos et le Blanc

Le groupe de Montana accuse la communauté internationale de bloquer les discussions entre lui et Ariel Henry. Jacques Ted Saint-Dic, un des porte-parole du Bureau de suivi, affirme même qu’un Collectif présidentiel international, autrement dit le Core group a les rênes du pouvoir en Haïti et que c’est avec lui qu’il faut négocier.
La communauté internationale a-t-elle, à elle seule, la responsabilité du pourrissement de la situation actuelle?
« Nous reconnaissons que malgré notre engagement continue sur le terrain, les efforts de la communauté internationale au cours des dernières années, y compris ceux du Canda, n’ont pas mené aux résultats escomptés…», déclare, dans un mea culpa collectif, Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada.
Elle préside, le 21 janvier 2022, une réunion de haut niveau sur la situation haïtienne à la suite d’une rencontre préparatoire tenue et dirigée par les États-Unis le 15 décembre 2021. La ministre Joly appelle, d’emblée, les acteurs haïtiens à « un accord des accords ».
Ariel Henry, actuel premier ministre de fait, est là et se fait admonester par Ottawa alors que depuis 5 mois l’on assiste à des atermoiements, des hésitations et du laxisme dans les négociations avec les autres acteurs.

« Il est ici. M. le premier ministre, et vous serez d’accord avec moi, il y a une obligation de résultats. », lui lance Mélanie Joly d’un ton sec.
« Collectif présidentiel international »
Nous sommes aujourd’hui quatre mois plus tard. Et, disons qu’on n’est même pas à la case départ, tellement la situation se dégrade sur tous les plans. Des missions américaines se bousculaient et se heurtent encore au chevet de Port-au-Prince. Rien ne se passe.
« Et nous avons l’impression que les fonctionnaires de l’administration américaine sont un peu énervés, sont en face d’une difficulté. Ils pensaient pouvoir la résoudre par une simple convocation d’élections générales rapidement. », analyse Jacques Ted St-Dic, un des porte-parole du Bureau de suivi de l’accord de Montana.
Ce groupe a écrit à deux reprises à Ariel Henry pour une reprise des discussions. Ariel Henry lui-même ressasse ses appels à négocier qui sont restés sans suite. Ce qui fait dire à M. Saint-Dic qu’un « Collectif présidentiel international », autrement dit pour lui, le Core Group a les rênes du pays et que Ariel Henry ne serait qu’un pantin.
« Très certainement… », répète, au moins trois fois, M.Saint-Dic.

« De toute façon, nous avons toujours dit qu’il fallait, à un certain moment, qu’il faut négocier avec le Collectif présidentiel international, le Core group, sur la question de permettre au peuple haïtien de prendre en charge sa responsabilité politique. », ajoute-il.
« Nous avons toujours dit que les USA pratiquent en Haïti, ce que j’appelle, la diplomatie de l’usure. », renchérit Abel Descolines, un ancien qui faisait de l’opposition à Jovenel Moïse.
Il parle ici au nom de (CADOA), le Collectif des anciens députés de l’opposition et alliés. Signataires de l’accord du 11 septembre Avec Ariel Henry, ce regroupement vient de retirer son soutien au Dr Henry et le somme de ne pas user de Musseau (l’accord) dans ces décisions.
Car, Abel Descolines croit lui aussi que Ariel Henry ne serait qu’un polichinelle.
« Il se sent confortable malgré le fait qu’il n’a aucun accord qui le soutient au pouvoir, parce qu’il a un certain soutien de la part de la communauté internationale. », dit-il.
« Avec ou sans Ariel »
Ce point de vue n’est partagé par le Secteur démocratique et populaire (SDP), ancien fer de lance de l’opposition à Jovenel Moïse, aujourd’hui passé au pouvoir avec M. Henry
« La responsabilité de sortir le pays de la crise nous revient, nous Haïtiens. », soutient Nenel Cassy du (SDP). Signataire, comme Cadoa de l’accord du 11 septembre, ce groupe un tantinet critique face à Ariel Henry, refuse toutefois de claquer la porte au gouvernement.
« Il nous faut un accord global avant tout avec les autres acteurs. », exige ce regroupement de formations politiques et d’organisations populaires.
Sauf que, le SDP et Montana se regardent en chiens de faïence depuis que la bande à André Michel ait claqué la porte pour épouser l’accord de Ariel Henry.
Aujourd’hui désenchanté par le Dr, le SDP cherche de peine et de misère une nouvelle meute politique
« Le seul groupe qui ne pose aucune condition pour discuter c’est le SDP. Moi personnellement, j’ai affirmé sur Tweeter que nous voulons une solution avec ou sans Ariel. »- Nenel Cassy
Alors depuis dix mois, le problème, c’est le Blanc ou… nous avons un petit souci de nombre de chromosomes ?