Il attaque B.Dutrizac pour «un maximum d’éducation»
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) et le Conseil de presse du Québec accusent réception des plaintes déposées par l’enseignant Isamel Seck contre l’animateur Benoit Dutrizac ( de Qub radio) pour l’avoir envoyé «chi…» et traité de «baveux» sur Twitter.
L’agente qui s’occupe de son dossier à la CDPDJ l’a même appelé pour lui poser quelques questions en vue de compléter la plainte et l’a informé qu’il aurait d’autres nouvelles « d’ici 4 à 6 mois »
«Je souhaite aller jusqu’au bout et de faire un maximum d’éducation avec cette histoire.», assure l’enseignant en adaptation scolaire à Montréal.
« Au terme de ça, je souhaite ouvrir un débat sur la place de la haine, de la xénophobie dans les médias par exemple. »–
I. Seck
L’histoire remonte à début mai, en pleine pente de la pandémie qui fait rage à Montréal, et que Ismael Seck lance sur Twitter :
«J’espère que les Québécois vont se rappeler des nombreux réfugiés qui mettent leurs vies en danger en travaillant dans les CHSLD pour sauver celles de nos aînés»
« Quel commentaire baveux et méprisant envers le peuple qui vous accueille! Vas donc chier », lui répond avec violence Benoit Dutrizac, animateur chez Qub radio, propriété de Quebecor. Or, M. Seck, avec sa peau basanée, est né au Québec.
Et les commentaires racistes inondent la twittosphère et les autres réseaux sociaux à l’encontre de l’enseignant, très actif sur Twitter notamment. Parmi des centaines de commentaires haineux, il en capturé à l’écran de son ordinateur une centaine très disgracieux qu’il a adjoints à ses plaintes logées auprès de la CDPDJ et au Conseil de presse.
« Cela m’a pris trois jours, dit-il, les trois journées suivant cette histoire-là »
De son coté, l’animateur Benoit Dutrizac s’est excusé après avoir fermé son compte Twitter de plus de 34 000 abonnés, en raison de la fièvre que cela avait provoqué.
Mais l’enseignant n’entend pas se contenter de regret exprimé publiquement par le chef d’antennes chez Qub radio.
« Pour moi c’est extrêmement problématique, parce que, quand une personne s’excuse, c’est tout simplement lui faire comprendre que : ce que tu viens de dire là, tu peux le dire en privé mais pas en public », considère-t-il.
Ismael Seck, 30 ans, est né à Montréal de père sénégalais (Afrique) et de mère blanche québécoise. Il a la peau plutôt foncée comme métis.
Pour s’être promené beaucoup au Québec, l’enseignant est convaincu qu’il y a des gens chaleureux partout dans la province, mais que le « racisme systémique, la xénophobie et la discrimination », sont très présents ici, en revanche.
« Souvent, se rappelle-t-il, on se fait dire : qu’il n’y a qu’une minorité de personnes qui sont comme ça au Québec.»
«Mais le problème c’est que: quand elle (cette personne) a une tribune dans certains grands médias, elle arrive à convaincre beaucoup de personnes de leurs idées.»– I. Seck
M. Seck « se questionne » également au sujet de ces institutions qui embauchent, tolèrent et qui paient ces gens-là. Il croit que tout cela créée une «tension » qui n’est pas « profitable » à la société en général, lors même que cela profite à des groupes d’intérêts économiques.
« Des entreprises médiatiques en profitent pour faire de l’argent avec cela. Mais, la liberté d’expression, dit-il, n’est pas une permission pour faire la promotion de la violence, de la haine.»
Dans le monde politique, comme médiatique, les commentaires déplacés sont légions au Québec envers des communautés culturelles et des groupes racisés.
Après coup, les auteurs de ces propos s’excusent de manière générale mais le problème demeure malgré tout selon l’enseignant.
«Les gens pensent que dès qu’ils s’excusent, toutes leurs fautes sont pardonnées et on devrait passer à autre chose, mais non…», estime M. Seck.