Il l’a faux
Des coiffeuses, on en a. Et de bonnes en plus. Des cheffes cuisinières, on en dispose plein pour nos griots, bananes plantains dont les Québécois blancs raffolent.
Nous avons aussi des Fabienne Colas, des Dominique Anglade et qui revendiquent à leur manière leur « haïtienneté » à l’intérieur d’un Québec très pluriel.
« Il ne faudrait pas qu’elle joue la carte haïtienne de toute sa grandeur…. Ce n’est pas une fille de Montréal-Nord issue de groupes communautaires…. » Luc Ferrandez
«… À ne pas se présenter comme l’immigrante haïtienne de base, représentante de propriétaire de salons de coiffure sur Saint-Michel… »-L. F
Dominique Anglade a, certes, un côté élitiste. Mais cela ne l’empêche pas d’atterrir, de se mêler. Pour quelqu’un qui est en politique et notamment en démocratie ( chaque personne une voix), le contraire ne serait pas payant.
La nouvelle cheffe du Parti libéral du Québec (PLQ), je l’ai croisée pour la première fois en mai 2018. Savez-vous où?
À La perle retrouvée, un centre culturel haïtien, au cœur de Saint-Michel, ce quartier qui regorge de petits commerces haïtiens ( des salons de coiffure y compris) parfois informels et dont les bénéfices sont réinjectés dans l’économie québécoise.
Pas en ses bureaux de députée de Saint-Henri-Sainte-Anne,… là.
Mme Anglade y était pour célébrer la fête du drapeau haïtien avec ceux de la génération de son père Georges Anglade, décédé lors du tremblement de terre de janvier 2010.
Il s’agit en effet de la devise du drapeau haïtien : l’union fait la force.
Dans son discours, Mme Anglade a présenté la communauté haïtienne comme une inspiration pour le Québec « alawonbadè» (à travers la province).
Cela inclut pour elle, je présume, Saint-Michel, Montréal-Nord ou quels autres quartiers défavorisés qui accueillent souvent des immigrants en transit.
Montréal-Nord produit des Chris Boucher, originaire de Sainte-Lucie dans les Caraïbes, que l’establishment sportif appelle fièrement le « Québécois ». Dans les plus hautes sphères, on se bouscule pour une photo avec lui ou pour décrocher un paraphe.
L’ancien maire de Montréal, Denis Coderre habite encore ce quartier. Dominique Anglade aurait pu être de Montréal-Nord.
Et alors?
Née de parents haïtiens (Georges Anglade qui a contribué à monter l’Université du Québec à Montréal-UQAM et Mireille Neptune, diplomate et prof de français) D. Anglade ne baragouine pas le créole: elle le parle presque sans accent et en usant des termes du terroir.
Il fallait la voir, le 18 mai 2018 à La perle retrouvée, chanter, se déhancher et s’époumoner en créole les paroles de ces chansons folkloriques haïtiennes pendant toute une soirée de fête du drapeau.
Cela prenait des allures de retour aux sources. Dans sa tête c’est comme si elle était en Haïti, pays où elle a vécu quand même trois ans alors qu’elle était jeune.
La cheffe du PLQ est Québécoise pure, mais Haïtienne «jouk nan zo »
Est-ce que ça dérange? Qui…? Luc Ferrandez?