Ils blanchissent la lutte contre le racisme
Maryline Lemire, une jeune Québécoise blanche, éclate en sanglot en prenant la parole, vendredi dernier, devant autant de Blancs que de Noirs lors de la « Veillée aux chandelles » organisée par Lakay Média au quartier général du Service de police de Repentigny (SPVR) pour dénoncer, dans la foulée de l’affaire Floyd, le racisme dans cette ville.
Elle affirme être confrontée à cette idéologie postulant une hiérarchie des races au sein même de sa propre famille, ce qui souvent finit en pleure.
«Je pleure comme ça devant ma famille. Ça me fâche de voir que les gens proches de moi ne comprennent pas», confie la jeune fille avant demander à la foule : «mais c’est quoi ça race? On est tous des humains.»
Hors mis quelques unes des victimes de profilage racial à Repentigny qui se sont exprimés, la parole était plutôt blanche cette soirée-là.
Karine Denis, une mère de famille avec « trois petites filles blondes aux yeux bleus» emboite le pas à Mme Lemire au micro pour la seconder dans ses propos et dénoncer.
Un violent silence
Mais elle y ajoute un grain de sel «important» en questionnant l’éducation que les familles blanches assurent aux enfants de la même couleur de peau. « On a une responsabilité de ce côté-là aussi.», dit-elle avant d’inviter tous les Blancs à dénoncer le racisme anti-noir.
«Nous, en tant que Blancs, notre silence constitue de la violence. Mettez-vous debout, quand vous voyez quelque chose qui n’a pas d’allure, dites-le. Comme la jeune fille disait, notre voix a plus d’impact. C’est le temps qu’on la sorte.»- K Denis.
Mme Lemire déplore d’ailleurs le fait que ses amis noirs lui disent souvent que cela prend un Blanc pour porter le message noir. « Comment ça, cela prend un Blanc pour dire ça, pour dénoncer le racisme?, se demande la jeune fille, cela veut dire que votre parole ne vaut rien? Ça n’a pas d’allure. »
Peu avant les prises de parole, Nous nous sommes promenés dans la foule de Noirs, de Blancs, de Jaunes, d’Arabes, de Métis pour entendre ceux qui ne vivent pas le racisme au quotidien.
Nous croisons Robertine Denis enserrée solidement par Éliard Dupuis et Jocelyne, trois septuagénaires ingambes, pleins de vie, chacun avec une chandelle en la mémoire de George Floyd.
C’est Mme Denis qui se lance la première dans cette fronde contre les racistes. «Moi là…, la semaine passée là… j’avais la rage contre les Blancs. Et, je suis Blanche.», nous lance la septuagénaire d’un visage grave.
«Sérieux là…, sérieux là», ajoute-t-elle en essayant de grossir ces petits yeux perçants afin de montrer qu’elle ne plaisante pas. » Pourquoi vous haïr, pourquoi? Il y a du bon et mauvais monde dans toutes les races. Pourquoi? », se demande stupéfaite la Repentignoise.
« Je suis là parce que je suis Noire.», nous lance, aux éclats de rire, une autre femme blanche de 73 ans depuis le perron du poste de police où elle est assise. « Cela ne se voit pas l’œil nu, mais je suis Noire en dedans » précise la résidente de Repentigny.
Un système blanc
Pour les victimes de profilage racial, la veillée aux chandelles a plutôt réchauffé des «blessures » dormantes en elles. Certains d’entre eux ont carrément contourné leurs histoires « trop douloureuses » lors de leur prises de parole.
Modeste Hezu, un Repentignois d’origine togolaise, qui s’était fait mis en joug par trois policiers au parc du Moulin, intervenait avec la gorge nouée par la colère de voir qu’aux yeux des agents de l’ordre, « un Noir est toujours présumé coupable et non présumé innocent.»
Pour lui, le système de justice est du côté des policiers qui agissent en toute impunité face aux Noirs. M. Hezu prend le politique surtout pour responsable de la situation et interpelle directement la mairesse Chantal Deschamps.
« Il y a des choses qui se passent dans cette ville. François Legault ne le reconnait pas. Mais, nous le racisme systémique, on le vit.», dit-il après avoir rappelé les noms des dirigeants politiques au Canada et dans le monde ayant reconnu l’existence de cette pratique chez eux.
«Les policiers nous disent toujours : si vous n’êtes pas content, alors porter plainte. Ils nous disent ça, parce qu’ils savent que nos plaintes, nos voix ne sont pas entendues, parce qu’ils savent qu’ils ont leur système pour les soutenir. »
Modeste Hezu
La victime invite les autorités et tous les paliers de gouvernement à ne pas attendre « qu’il y ait mort d’homme » avant d’agir et à « reconnaître et nommer ce mal » pour pouvoir le combattre.
Rapprochement
Il y a un peu plus d’un an, le SPVR avait nommé un policier, Jean-François Fortier avec pour mission de faire la liaison avec les communautés culturelles notamment les Noirs.
« Il ne l’a pas facile. Il doit se faire ramasser des deux côtés », estime Finley Damord, un jeune homme d’affaires qui opère dans la location de voitures et qui se faisait tellement arrêté pour sa plaque commerciale et demandé pourquoi il roule en BMW, en Mercedez…
« Ça montre la grosse différence entre nous (les Noirs) et les Blancs. Ces derniers n’ont pas un policier attitré à eux. Pourquoi nous? Alors qu’on a le même sang »-
Finley Damord
Ils ont dit
« J’ai quitté Montréal en pensant que j’allais avoir la paix. Je n’ai pas vendu de drogue, je ne suis pas membre de gang. La seule chose que j’ai en moi, c’est que je suis Noiret j’en suis fier »-François Ducas.
« Ça me choque qu’on soit obligé de réaliser ce genre de rassemblement en 2020 pour dénoncer le racisme »- Isabelle Delhaye, Française établie à Repentigny depuis une dizaine d’année
« Dans les années 70 avec les Blacks panthers, Angela Davis, Martin Luther King, l’on croyait que la question des droits civique était réglée, mais non. Et ça c’est extrêmement grave »- Anne-Marie Routier, Française établie à Repentigny depuis 4 ans.
« Ça ne peut pas ou plus exister en 2020 : un humain mort comme cela aux de la loi »- H Dion
« Si nous comme Blancs et vous membres des communautés racisées, on ne fait pas un pour s’aider et se comprendre, on n’y arrivera pas »- Helen Dion, cheffe de la police
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2 Comments on “Ils blanchissent la lutte contre le racisme”
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« Toutes et tous contre la racisme » pourrait être vraiment une stratégie efficace et gagnante.
Laquelle statégie écarterait le racisme à rebours.
Les propos racistes utiliser par les enfants à l’école sont appris à la maison. C’est sûre. Un enfant de 4 ans qui dit tu es noir tu ressembles à du KK ne l’a pas appris tout seul. ✊🏽✊🏽✊🏽✊🏽#blacklivesmatter.