Ils veulent plus de Noirs dans la sphère juridique
Poussé par une volonté de « rassembler les Noirs » et d’offrir des modèles aux jeunes de leur propre communauté, l’avocat Fernando Belton vient de monter une Clinique juridique dans Saint-Michel, un espace d’apprentissage pour les jeunes étudiants en droit.
La Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM) réunit déjà une quinzaine d’étudiants (en majorité haïtiens, africains et maghrébins) et cherche à en recruter une cinquantaine au moins afin de conseiller au mieux les gens et organismes du quartier sur l’étendue de leurs droits et obligations dans la société d’accueil.
«La jeunesse manque de modèles, de mentors qui viennent des communautés racisées et on ne va pas assez les chercher.»
Limartine Angrand, ancienne présidente de l’Association des étudiants haïtiens de l’Université de Montréal (UdeM).
Elle coordonne actuellement, sous la supervision de Me Belton, ces 15 étudiants en droit dans le cadre du lancement de la CJSM le 28 août prochain.
Lors du dernier Sommet socioéconomique des jeunes noirs (SdesJ), en janvier dernier, Limartine Angrand et Fernando Belton ont confronté les idées jusqu’à une discussion enflammée autour de la question de «mentorat noir». Les deux faisaient partie d’un même panel juridique.
À la suite du SdesJ, la finissante en droit et l’avocat ont convenu de poursuivre les discussions jusqu’à déboucher sur un projet d’une clinique juridique.
Clinique juridique?
Il s’agit d’une activité pédagogique qui offre du même coup un service de consultation juridique. Les stages à une Clinique juridique ont notamment pour but l’acquisition des habiletés requises pour un avocat, lorsqu’il est sollicité pour un avis juridique.
Depuis plus de 20 ans, la faculté de droit de l’UdeM dispose d’une clinique supervisée par des avocats et notaires qui regardent en dernier lieu la justesse de l’information donnée par les étudiants.
« On n’a pas un modèle standard. On veut éviter d’enfermer les gens ou les organismes dans un carcan », précise Me Fernando Belton.
Outre ce dernier, deux autres avocats bénévoles, Me Melissa Charles et Me Nada Boumeftah, siègent au sein d’un Comité de supervision.
La CJSM a déjà discuté de partenariat et d’association avec au moins six organismes qui évoluent dans le quartier de Saint-Michel. Parmi ces institutions, on retrouve la Maison d’Haïti.
« Eux, ce qu’ils nous disent ce serait de leur envoyer un groupe d’étudiants sur place afin de donner du soutien quand ils reçoivent des personnes qui viennent d’arriver.», note la coordonnatrice de la clinique Limartine Angrand.
La clinique n’est pas fermée à d’autres quartiers ni aux autres communautés culturelles note les dirigeants, mais « elle est de Saint-Michel et axée sur les Noirs ».
« Ce n’est pas dans le but de mettre les Blancs dehors mais plutôt que les Noirs se rassemblent.»
Fernando Belton, avocat du Barreau de Montréal.
Crise de représentativité
L’avocat, qui détient un cabinet dans le quartier au 3737 Crémazie, veut l’ouvrir à d’autres juristes haïtiens comme lui afin de pouvoir compter sur « la force du nombre », dit-il.
« Une des choses qui me tiennent à cœur c’est de pouvoir montrer une image différente des communautés culturelles dans la sphère juridique », indique celui, qui, il y a quatre ans, voulait devenir procureur de la poursuite, sans succès.
Admis pour un dernier stage à la Cour municipale avant de devenir avocat avec trois autres camarades (blancs) de l’université, Fernando Belton est le seul qui n’a pas été retenu en dépit des notes et remarques qu’il recevait pour la qualité de son travail.
« C’est sûr que cela me remet en question sur mes compétences. Mais très rapidement je me suis remis sur pied », soutient l’avocat. Et depuis cette mésaventure, Me Belton s’était promis de travailler autour de la représentativité des communautés culturelles dans la sphère juridique.
La CJSM serait en droite ligne de cette optique.
Pour joindre la Clinique juridique de Saint-Michel : 514 794 5917
Courriel : cliniquejuridiquesaintmichel@gamail.com