Immigration: le milieu des affaires et la CAQ se heurtent
Dans le flou le plus total par rapport à une hausse de l’immigration à la suite de consultation promise sur le sujet, Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), pose la question, sans détour, à Nadine Girault, ministre québécoise de l’Immigration.
« Est-ce que vous allez en consultation cet été, ou vous allez nous annoncer dès aujourd’hui que vous allez hausser le seuil à 60 000? »
« Ni l’un, ni l’autre.», répond, sans langue de bois, Mme Girault qui était l’un des invités de la CCMM à son « Rendez-vous stratégique » de lundi dernier, 14 juin, sous le thème » Pour une économie ouverte sur le monde ».
D’entrée de jeu, M.Leblanc n’a pas caché que le milieu des affaires lui mettait la pression pour adresser ces questions-là à la ministre. Car, la situation de pénurie de main-d’œuvre est grave présentement.
- Seulement dans la restauration, il manque plus de 22% de personnel.
- Le nombre de postes à combler dans l’économie a quasiment doublé, soit 160 000 alors qu’en temps normal, il oscille autour de 80 000.
« On a déjà une planification qui est déjà en place pour les trois prochaines années. On va augmenter tranquillement les seuils. Accueillir les immigrants de la bonne façon. Mais le seuil ne sera pas rehausser à 60 000.», a averti Nadine Girault, au déplaisir des employeurs
« Vous allez voir le milieu des affaires lancer des messages très clairs. Présentement, tout le monde parle de cet enjeu de recrutement.» lui a rétorqué le président de la Chambre.
Régularisation
Michel Leblanc s’essaye de nouveau. Il rappelle que 51 000 dossiers de travailleurs temporaires, notamment, trainent dans les tiroirs d’Immigrations Canada et Québec.
« Ils sont ici et déjà intégrés », argumente-il. Tout ce qu’on a à faire ce serait des processus administratifs et le tour est joué pour les employeurs qui pourraient alors aller puiser dans cette banque de travailleurs.
« Est-ce que ce serait envisageable de se dire qu’on se donne un défi collectif Québec-Ottawa-le milieu des affaires, qu’on admette tout ce monde là et qu’on reparte l’année prochaine à zéro? »,
demande Michel Leblanc à Mme Girault
« En fait ce n’est pas aussi facile que cela. », répond-elle. Nadine Girault commence par bafouiller dans les questions de délai au fédéra, question d’éviter la question.
« Ils doivent respecter nos seuils d’immigration et traiter vite les dossiers que nous leur envoyons.»- réponse de Nadine Girault, ministre québécoise de l’Immigration.
Michel Leblanc ne se décourage pas. Prise 3 : le rattrapage
Car, en plus d’un abaissement du seuil d’immigration de 52 000 à 44 000 depuis l’arrivée de la Coalition avenir Québec (CAQ) au pouvoir, la pandémie a sérieusement entamé le nombre d’immigrants reçus en 2020. Il y a un manque à gagner de 17 000 personnes seulement pour l’an dernier.
« Est-ce qu’on peut faire un rattrapage à vitesse grand V? »,
relance alors Michel Leblanc.
Nadine Girault promet de réaliser ce rattrapage sans grandes précisions. « On est en train de regarder ce qu’on peut faire de plus. » s’est-elle contentée de dire devant les membres de la CCMM.
Par ailleurs, la ministre invite, à l’instar de Jean Boulet le ministre de l’Emploi, à se méprendre
« L’immigration est très importante dans le cadre de la pénurie de main-d’œuvre qu’on vit. Mais il n’y a pas que cela.»-Nadine Girault
- Il y a aussi la requalification de main-d’œuvre
- Le fait qu’il faut attirer plus de jeunes vers des emplois en demande
- Certains proposent même de maintenir les vieux plus longtemps sur le marché de l’emploi
Devant la CCMM, la ministre de l’Immigration a fait l’étalage lundi dernier de ses réalisations et mises en place de programmes et mesures adoptés depuis son arrivée à ce ministère, il y a plus d’un an.
Elle parle de six voies par lesquelles les employeurs peuvent aller chercher des travailleurs.
– Le portail Arima qui permet de sélectionner des personnes qui répondent au besoin grâce au portail employeur. Rappelons que ce sont les libéraux qui l’avaient initié et que beaucoup de consultants en immigration et d’employeurs déplorent le dysfonctionnement de ce portail depuis plusieurs années
-Projet pilote d’immigration permanente dans des secteurs spécifiques : technologie de l’information, préposée aux bénéficiaires, transformation alimentaire
– Immigration temporaire (étudiants étrangers qui contribuent au PIB à hauteur de 1,6 milliards de dollars)
« Une très belle qualité d’immigrants qu’on veut avoir chez nous. »-Nadine Girault.
– Programme de travailleurs étrangers temporaires qui a subi des restrictions en 2014 de la part du fédéral
-Délégation du Québec à l’extérieur (équipe spécifique d’immigration de recrutement de candidats)
-Reconnaissance des compétences (« On va travailler là-dessus c’est en haut de mes priorités »)
Elle a dit
Consultation?
« Avec toutes les stratégies qu’on est en train de discuter et le positionnement qu’on est en train de faire avec le fédéral particulièrement au niveau des travailleurs temporaires, on a décidé de ne pas faire de consultations cet été. »