La police et l’«éthique» des interventions à Montréal-Nord
Dorénavant, les policiers de Montréal-nord devront réfléchir à deux fois lors d’une intervention auprès de la population et surtout s’assurer qu’elle soit « éthique » l’action qu’ils sont en train de poser. C’est ce qui ressort d’une formation récente en « Éthique d’intervention policière » qu’une centaine de policiers du poste de quartier 39 ont reçu cette année.
Cette nouvelle façon de faire entre dans le cadre des leçons apprises depuis l’affaire Fredy Villanueva, il y a 10 ans déjà. Ce jeune de 18 ans a été tué à la suite d’une intervention policière qui mal tourné au parc Henri-Bourassa où il jouait au dé avec des amis.
« Si on voit que c’est légal mais questionnable, c’est à nous de réfléchir pour savoir si on continue ou pas », affirme aujourd’hui Miguël Alston le chef du Poste de quartier (PDQ-39).
Une enquête publique a été menée, depuis, par le coroner Perreault et avait conclu non seulement que «ce jeune ne méritait pas de mourir », mais aussi, son rapport était assorti de recommandations dont des séances de formation des agents de la paix.
« Depuis les événements de 2008, nous avons formé nos policiers en matière de diversité culturelle, du multiculturalisme et nous venons de les former en matière d’éthique d’intervention », souligne le commandant du PDQ-39.
« Nos policiers doivent s’assurer que l’intervention soit légale et éthique, c’est-à-dire acceptée socialement. Ils doivent se demander s’ils doivent appliquer la loi de façon toujours rigoureuse et intégrale », ajoute le chef de la police de Montréal-Nord en entrevue à In Texto.
Tournée vers l’avenir
10 ans après les événements de 2008 à Montréal-Nord où une émeute a éclaté après le décès par balle de Fredy, l’arrondissement de Montréal-Nord-Nord a inauguré, le 21 septembre dernier, Journée internationale de la paix, la Place de l’espoir en sa mémoire.
Une cérémonie haute en émotion à laquelle le commandant a pris part. Le chef de la police dans le quartier en profite pour appeler tous les acteurs à adresser les enjeux sociaux afin d’éviter que «ça bascule dans la cour de la police.»
«Ça devient un enjeu de criminalité si on ne résout pas les problèmes sociaux, à ce moment-là, le SPVM doit intervenir et parfois en répression.», fait remarquer le policier.
Miguël Alston affirme que la police à Montréal-Nord est résolument tournée vers le futur, vers la réconciliation et l’espoir.
«Les policiers eux aussi, ont blessés dans les événements de 2008. Il y a eu une crise sociale et nos policiers ont été lourdement affectés. Et aujourd’hui, ils ont pansé leurs plaies et ils parlent d’avenir.», souligne le chef de la police à Montréal-Nord.