L’aide haïtienne ne doit pas être dépensée au Canada
Le 20 novembre 2022, lors du Sommet de la Francophonie à Djerba, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a annoncé une aide de 16,5 millions de dollars à Haïti. Si on se fie aux informations diffusées sur Twitter par Sébastien Carrière, l’ambassadeur du Canada en Haïti, la totalité de cette aide sera dépensée au Canada ou ailleurs que dans l’économie haïtienne.
Debout pour Haïti croit important de souligner ce fait, dans la mesure où tant le Premier Ministre Trudeau que la ministre Mélanie Joly ont indiqué et répété « la nécessité de soutenir la mise en œuvre d’une solution dirigée par les Haïtiens pour faire face à la situation actuelle ».
Debout pour Haïti questionne le fait que les acteurs choisis pour rétablir l’ordre et répondre aux besoins humanitaires immédiats d’Haïti ne soient pas Haïtiens. Rappelons que cette pratique infantilisante a été préconisée dans la gestion des fonds suite au séisme de 2010.
Le Canada souhaite-t-il répéter cette erreur du passé ?
Lors de cette annonce, le Canada a promis une aide humanitaire de 8 millions de dollars. Selon Sébastien Carrière, cette somme ira à l’Organisation panaméricaine de la santé et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Les autres récipiendaires seront le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies. Plusieurs enquêtes journalistiques indiquent que ces organisations ne favorisent pas les fournisseurs locaux. Comment peut-on parler de solution haïtienne, sans impliquer acteur haïtien et surtout sans engagement d’achat local pour soutenir l’économie du pays ?
Debout pour Haïti souhaite que le Canada exige que le PAM s’approvisionne en priorité auprès des agricultrices et des agriculteurs haïtiens et s’assure que le PAM mette les acteurs haïtiens au cœur de la solution humanitaire.
Dans son Tweet du 22 novembre, l’ambassadeur Carrière a écrit que pour renforcer la capacité d’Haïti à lutter contre la corruption et l’impunité, le Canada a remis 5 millions de dollars à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime qui travaillera en collaboration avec l’Organisation des États Américains.
Comment peut-on parler de solution haïtienne, sans acteur haïtien ?
Debout pour Haïti souhaite que le gouvernement du Canada exige que des organisations haïtiennes soient parties prenantes de cette lutte.
Toujours selon Sébastien Carrière, 3,5 millions de dollars seront dépensés pour l’accès à la justice et la lutte contre l’impunité, un mandat qui a été confié à Avocats sans frontières Canada (ASFC). Justement, parmi ses projets en cours, ASFC mène présentement un programme d’accès à la justice et de lutte contre l’impunité en Haïti qui prendra fin en 2023.
Debout pour Haïti demande que, pour les 3,5 millions de dollars versés par le Canada en novembre 2022, ASFC s’inscrive dans une démarche d’accompagnement et de transfert réel de compétences à ses partenaires terrain en Haïti, dont 17 sont des organisations de la société civile; qu’une véritable attention soit portée à la violence sexuelle faite aux femmes et aux fillettes.
Debout pour Haïti croit que le leadership du Canada peut faire une différence tangible dans cette sortie de crise, en refusant avec les méthodes précédentes qui ont failli et davantage fragilisées Haïti.
Source : Pierre-Gérald Jean
Kerlande Mibel
Porte-paroles
deboutpourhaiti@gmail.com
Qui sommes-nous ?
Debout pour Haïti est un collectif citoyen voué à la surveillance des interventions du Canada en Haïti. Nous, Canadiennes et Canadiens d’origine haïtienne et nos concitoyennes et concitoyens de toutes origines, croyons qu’il est de notre devoir de veiller à ce que les interventions du Canada en Haïti respectent les valeurs canadiennes.