Nous existons par l’échange d’informations et nous continuons d’exister par le même processus. Toute notre contingence est fondée sur le principe de la communication. Notre réalité même est le produit de nos interactions avec un sujet donné. Et, tout échange tend vers une finalité. Tout émetteur veut attirer l’attention de son récepteur pour l’influencer.

À l’ère que nous sommes, grâce aux progrès technologiques, s’exprimer devient plus pragmatique. Les réseaux sociaux nous permettent de le faire en toute « liberté », en toute facilité et avec rapidité. Pourtant, peut-être même sans le savoir, nous plongeons dans cet univers sceptique, relativiste et utopique qui nous transforme subtilement en l’homme postmoderne.

Dans ce monde, tout le monde à la « liberté d’expression », de vendre sa vision des choses. N’importe qui peut s’ériger en n’importe quoi pour exposer n’importe quoi ou commenter n’importe quoi, n’importe comment. Le général en toute quiétude devient souvent l’expert qui analyse le spécifique. La raison se mute en déraison. Le désir de savoir ou de partager des données ou des informations est plus populaire que l’aptitude de faire usage de la pensée critique avant toute décision.

L’obscurantisme s’étend subtilement malgré toutes les possibilités de s’ouvrir à la quête de la connaissance que ces moyens de communications offrent. La raison, c’est qu’elles sont conçues pour nous rendre addicter et nous maintenir toujours occupés. Selon le site DATAREPORTAL « En juillet 2020, plus de la moitié des habitants de la planète, soit près de 51% de la population mondiale totale utilisent les réseaux sociaux. » Global Web Index rapporte que nous passons maintenant en moyenne 2 heures et 24 minutes par personne et par jour à utiliser les médias sociaux.

La vie privée est souvent confondue avec l’espace public. Nous partageons tous. Ceux qui sont loin sont devenus si proche qu’il est facile de se tromper et de croire que l’univers n’est qu’une petite bille entre nos mains. Nous faisons l’inimaginable pour influencer ou devenir populaire. Les réseaux sociaux se sont même érigés en cette Presse informelle que celle qui est formelle rêve de dominer. Nous sommes submergés d’informations ou de données.

Des connaissances utiles ou pas que nous acquérons de toute façon. Des choses que quand nous les voyons pour la première fois qui peuvent nous toucher jusqu’au plus profond de notre humanité. Et ces mêmes choses quand nous les voyons une seconde fois, nous ne disons pas qu’elles deviennent une habitude. Et la troisième fois nous ne les voyons que comme expression du genre humain. Nous nous soulageons avec la phrase biblique : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. » Sans comprendre que c’est nouveau sous le nôtre.

Dans ce grand big bang ou cette grande jungle, l’effet de la cacophonie rend les pauvres sujets, des fois, si vulnérables, qu’ils ne comprennent pas que toute chose a une finalité. Ils oublient souvent que l’utilité des choses est classée par ordre de valeurs décroissantes. Il y a des choses essentielles, il y a des choses nécessaires et il y a des choses esthétiques. Ils les alternent toutes et les confondent toutes.

 Tout le monde parle et ceci en même temps. Souvent la censure est: « Tout le monde a raison parce que tout le monde s’exprime. » Avoir raison devient un droit et non un fait tout simplement parce que chacun peut opiner. Se demander pourquoi certaines idées ou qu’elle est leur finalité peut être facilement répondu par une simple apologie illogique.

« Ainsi, « à chacun sa vérité », comme la connaissance n’est pas certaine, objective et bonne, chacun est renvoyé à lui-même pour déterminer ce qui est vrai. »- Fernand Felix Schwarz,2014, p.96-97)

Il n’existe pas de vérité ni de valeur objective. L’essentiel c’est d’influencer, et c’est ça le postmodernisme. C’est aussi ça une face omnipotente et omnisciente cachée des réseaux sociaux.