Legault et sa promesse de quotas d’embauche des immigrants
Aux abords du pouvoir, en septembre 2018, François Legault brandissait même la possibilité de voter une loi spéciale afin de forcer les employeurs à embaucher plus de personnes issues des minorités ajoutant même que l’État québécois «doit prêcher par l’exemple».
Au pouvoir depuis octobre 2018 et détenant une majorité forte à l’Assemblée nationale, le cabinet du premier ministre du Québec dit écarter toute imposition de quotas de personnes racisées au sein des conseils d’administration (CA) des sociétés d’État telles que Hydro-Québec, la Société des alcools du Québec (SAQ), entre autres.
«Nous faisons confiance aux organismes pour qu’ils déploient plus d’efforts en ce sens», a indiqué au Journal de Montréal l’attaché de presse du premier ministre du Québec, Ewan Sauves, rejetant du coup l’idée de forcer les organismes déconcentrés de l’État à s’ouvrir aux minorités.
Toujours selon le journal, le cabinet de François Legault estime qu’«il faut assurer une représentation convenable des minorités visibles dans les sociétés d’État», mais exclut l’idée d’un taux d’immigrants comme administrateurs pour inverser la tendance.
«Il va falloir faire plus d’efforts, parce qu’effectivement les minorités visibles ne sont pas assez représentées dans la fonction publique. Si nécessaire, mettre une loi comme on a fait pour les femmes. Le gouvernement doit montrer l’exemple », avait déclaré François Legault lors d’une mêlée de presse avec des médias des communautés culturelles alors qu’il était en visite à Montréal-Nord, le 10 septembre 2018.
M.Legault dirige un gouvernement majoritaire avec 75 députés sur 125 en siège. L’Assemblée nationale contrôlée par son parti, la Coalition avenir Québec (CAQ), a déjà adopté, avec célérité, plusieurs lois perçues comme anti-immigrantes.
On parle de la Loi sur la laïcité qui restreint le port des signes religieux pour des employés de l’État en position d’autorité, la Loi No 9 qui institue une vaste réforme sur l‘immigration. Et le projet de loi 17 sur l’industrie du taxi (avec des travailleurs immigrants en majorité) devrait être adopté dès la prochaine rentrée parlementaire en août.
En revanche, le cabinet du premier ministre rechigne à imposer des quotas de personnes des minorités visibles dans les CA des sociétés d’État en dépit de ses promesses électorales sur l’embauche des immigrants.
Selon des données statistiques, plus de 25 000 postes qui devaient être comblés par des immigrants ne le sont pas au sein des organismes publics et parapublics ou des ministères. Le taux de chômage est trois fois plus élevé chez les minorités visibles par rapport aux Québécois.
Dans cette entrevue donnée, le 10 septembre 2018, le chef de la CAQ avait pourtant dénoncé, le fait qu’il y ait «un problème de corporatisme au Québec et qui touche même l’État », ce qui empêche notamment aux personnes des minorités visibles de trouver un emploi dans le domaine de leur compétence.