Les «anges gardiens sont-ils tombés dans l’oubli?»
C’est la question que se pose la Concertation haïtienne pour les migrants (CHPM) qui regroupe des organismes communautaires comme La Maison d’Haïti (MdH), le BCHM et le Centre na Rivé (CNR), dans une lettre ouverte adressée au premier ministre Justin Trudeau, jeudi.
Marjorie Villefranche, Ninette Piou et Ruth Pierre-Paul, respectivement de la MdH, du BCHM et du CNR s’impatientent devant le laxisme des autorités à mettre sur pied un programme de régularisation des travailleurs essentiels de la COVID-19.
« Chaque jour qui passe est un rappel du manque de considération des gouvernements canadien et québécois de l’apport de ces femmes et hommes au combat que nous menons toutes et tous face à la COVID-19 depuis le mois de mars.», écrivent-elles dans cette lettre.
Ça coincerait à Québec
Selon nos informations, l’implémentation de ce programme spécial de régularisation rencontrerait d’énormes embuches à Québec, la province étant moins encline à étendre les papiers à des travailleurs essentiels au-delà des CHSLD (Centre hospitalier de soins de longue durée).
In Texto a posé la question directement au ministère québécois de l’Immigration. Émilie Vézina, porte-parole du ministère a promis au journal de revenir sur notre «demande au sujet du projet de régulariser le statut des demandeurs d’asile dans le contexte de la pandémie. »
Toutefois, Immigration Québec a tenu à nous faire un « commentaire » sur le sujet qui laisse une porte ouverte, mais aussi que ça corse à Québec.
«Les discussions avec le gouvernement fédéral se poursuivent afin d’évaluer les différentes options. Les détails seront communiqués en temps et lieu.»-
Émilie Vézina, porte-parole de Immigration Québec
« À chacun sa lettre »
La CHPM prépare également une lettre ouverte au premier ministre François Legault, qui, lui, avait demandé à son ministère de traiter « au cas par cas les dossiers des demandeurs d’asile travaillant dans les CHSLD ». Mais depuis, rien.
Et de plus, le ministère a changé de main depuis plus d’un mois. Nadine Girault, d’origine haïtienne, remplace Simon Jolin-Barette.
« Nous nous sommes adressés en premier au premier ministre Trudeau, car c’est lui qui avait dit qu’il allait mettre sur pied le programme. Mais, Chacun aura sa lettre.», précise Marjorie Villefranche de La Maison d’Haïti
La première lettre ouverte de la CHPM datait du 6 mai dernier et interpellait également le premier ministre québécois sur le sujet.
La missive était fortement soutenue par une pétition de 2600 signatures, déposée le 12 mai à la Chambre des communes
« Enfin, le 11 juin, après de multiples tentatives de sensibilisation de part et d’autre, nous étions plusieurs à nous réjouir et à saluer votre volonté exprimée de mise sur pied dudit programme pour celles et ceux travaillant dans le domaine de la santé », écrivent les porte-parole de la CHPM.
Le regroupement insiste également sur l’importance que le programme s’applique à toutes celles et à tous ceux employé.e.s dans des fonctions essentielles, tel telles que publiées par le gouvernement du Québec le 23 mars 2020.
« Monsieur le Premier ministre, nous vous interpellons à nouveau aujourd’hui en vous demandant de présenter dans les délais les plus brefs, les lignes directrices d’un programme de régularisation de statut pour les demanderesses et demandeurs d’asile travaillant dans des fonctions essentielles, dans le cadre de la pandémie de la COVID-19.«
Aussi, la CHPM vous rappelle sa disponibilité à travailler de concert avec vous à cette réalisation.