Maurice, jeune francophone noir, né à Montréal, diplômé en comptabilité depuis un an, peine à trouver un emploi dans son domaine compétence en dépit de ses bonnes notes lors de ses études. L’anxiété le terrasse.

De plus, les interactions sociales et les entrevues représentent un très grand défi pour lui et il croit, dur comme fer, être victime de discrimination de la part de certains employeurs puisqu’il est noir.

Il s’agit de l’un des schémas présentés par le Sommet socio-économique pour le développement des jeunes des communautés noires (SdesJ) lors d’une rencontre de travail avec un haut cadre de Emploi jeunesse Canada, le 10 octobre dernier à la maison d’Haïti, à Montréal.

« C’était un atelier de travail au cours duquel on est arrivé à faire passer les enjeux de la communauté et de nos jeunes », explique Édouard Staco qui est à la tête du SdesJ.

Initié par une trentaine d’acteurs, d’organismes communautaires et d’associations actifs sur le terrain depuis plusieurs années, le SdesJ met en commun des leaders issus des communautés haïtienne, africaine, caribéenne et anglophone. Leur première rencontre de haut niveau a eu lieu le 28 janvier 2017, à l’Université de Montréal.

Et depuis, quatre projets majeurs ont été créés :

• Renforcement des familles noires
• Soutien aux jeunes à partir de secondaire-3
• Développement économique
• Faire passer le Fonds afro-entrepreneur de un million sur 7 ans à trois millions de dollars sur trois ans.

Lors de cette séance de travail avec Emploi jeunesse Canada, le SdesJ a schématisé également la situation de Tamara, jeune mère monoparentale, qui vit également dans l’angoisse de ne pas pouvoir s’en sortir parce qu’elle est Noire.

Outre le racisme et la discrimination à l’emploi, Édouard Staco dénonce les fourchettes d’âge trop stricte associée au programme d’aide à l’emploi ( d’été entre autres) ou au démarrage d’entreprise qui affectent durement, selon lui, les jeunes immigrants. Mais souvent ça vise des 18-30 ans.

« Lorsqu’on arrive dans notre parcours migratoire, est-ce qu’on doit encore  garder cette définition stricte  Pour un jeune immigrant qui a dû reprendre des cours, retourner à l’école, il n’est plus dans cette catégorie »- Édouard Staco

Écoutez un extrait de l’entrevue que nous a accordée Édouard Staco.

Lancée en 1997, la Stratégie emploi jeunesse (SEJ) du gouvernement du Canada vise à aider les personnes de 15 à 30 ans à obtenir des renseignements et à acquérir les compétences, l’expérience professionnelle et les capacités dont ils ont besoin pour réussir leur transition vers le marché du travail.

Au total, 11 ministères et organismes fédéraux assurent la mise en œuvre de la SEJ et en 2016-2017, la SEJ, dans l’ensemble des ministères participants, a aidé plus de 84 000 jeunes selon les données gouvernementales.

La SEJ comprend trois volets complémentaires :

– Expérience emploi été qui cible les étudiants de niveau secondaire et postsecondaire. Ce programme fournit des subventions salariales aux employeurs, comme les organismes sans but lucratif et les petites entreprises, afin qu’ils créent des emplois d’été pour les étudiants.

– Objectif carrière qui cible les personnes ayant obtenu un diplôme d’études postsecondaires.

– Connexion compétences qui cible les jeunes qui doivent surmonter davantage d’obstacles à l’emploi que les autres (p. ex., les jeunes qui n’ont pas terminé leur secondaire, les jeunes Autochtones et les jeunes handicapés.

Toutefois, le président du SdesJ, Édouard Staco appelle le gouvernement fédéral à ajuster ses politiques en matière de stratégie jeunesse.

« La rencontre du 10 octobre aura permis soit de faire des rappels ou de mettre en lumière certains besoins spécifiques », conclut-il.