Martine Moise devrait être suspectée
Le fils aîné de l’ancien président assassiné, Joverlein Moise, est plus nuancé, publiquement du moins, que sa batterie de trois avocats sur la nécessité pour la justice haïtienne de considérer dorénavant l’ancienne première dame comme suspecte dans cet assassinat.
L’homme d’une trentaine d’années qui s’est réfugié au Québec depuis les événements du 7 juillet dernier fait tout pour éviter de prononcer le mot « suspecte » en entrevue à In Texto lorsqu’on évoque sa belle-mère, mais laisse croire que le système judiciaire haïtien ne devrait épargner personne.
« À partir du moment où le juge estimera qu’une personne, peu importe sa fonction, peu importe son nom devrait répondre à des questions, soit en tant que partie civile ou suspecte, je pense que toute personne devrait se mettre disponible. »-Joverlein Moïse
L’un de ses avocats, Patrice Florvilus, va plus loin dans cette logique et affirme que seuls les morts ne seront pas inscrits au tableau des suspects selon son client.
«Ce qui est clair pour nous, c’est que : c’est seulement le président Jovenel Moise qui n’a pas d’informations à communiquer à la justice.», dit-il.
« Selon notre avis et celui de notre client, il y a des personnes, qui ne sont pas citées dans des rapports et sur lesquelles le magistrat devra mettre le focus.», ajoute l’avocat membre du barreau de Petit-Goave et de celui de Québec également.
Me Florvilus ne fait pas de quartier lorsqu’on évoque le nom de Martine Moise, la veuve de l’ancien président, qui, quelques jours après l’assassinat de son mari, déclarait publiquement son intention de se porter candidat à la présidence d’Haïti.
Mme Moise s’est déjà présenté devant le juge Gary Orélien comme partie civile.
Mais, pour le clan de Joverlein Moise, « une personnalité comme l’ancienne première dame a beaucoup à dire à la justice.»
« Est-ce que le juge va se diriger vers elle?, se demande Me Florvilus, Mais pour nous c’est important que le magistrat tienne compte de tous les détails dans le cadre de ce crime transnational.»
La piste de la drogue
Il dit craindre toutefois que « que l’article du NYT ne vienne pas servir de parapluie à d’autres personnes qui pourraient jouer un rôle dans l’assassinat du président. »
« Le président haïtien dressait une liste de narco-trafiquants. Ses tueurs l’ont saisie.», titrait le quotidien américain la fin de semaine dernière dans le cadre d’une vaste enquête qui met la justice haïtienne sur la piste de la drogue dans le cadre de ce crime.
Le journal affirmait en sous-titre que « dans les mois précédant son meurtre, Jovenel Moïse avait entrepris de lutter contre des trafiquants d’armes et de drogues. » qu’il comptait livrer à la DEA et aux autorités américaines.
« C’est un travail très professionnel comme à l’habitude des journalistes de New York times. L’article c’est un rapport d’enquête.», réagit son fils ainé.
« Je pense qu’il y a beaucoup d’infos qui devraient intéresser le juge d’instruction aussi. On tient des infos capitales pour le juge. La justice devrait s’intéresser à ces personnes-là.»-Joverlein Moise
Plusieurs noms sont cités dans le cadre de ce travail journalistique comme celui de l’ancien président Michel Martelly en lien avec le trafic ou ses activités politiques notamment l’emprise qu’il avait sur Jovenel Moise.
Le fils aîné de ce dernier croit que la justice haïtienne devrait auditionner tous ceux les noms sont cités dans cette enquête. Lorsqu’on évoque Michel Martelly, Joverlein Moïse répond :
« Je ne vais pas spécifier un nom mais toutes les personnes citées dans l’article et qui sont du coté suspect devrait être auditionnées. Nul n’est au dessus de la loi et de la justice. »-J Moise
Pression sur le juge
Ses avocats ont déposé, cette semaine d’ailleurs, une requête supplétive par devant le juge Gary Orélien « pour lui demander de tenir compte des révélations du New York times dans le cadre de cette affaire.»
« On s’attend à ce qu’il fasse son travail, qu’il creuse cette piste et on est confiant, affirme Joverlei Moïse, on sait qu’un jour ou l’autre soit au niveau national ou internationale justice va être rendue.»
Par ailleurs, le magistrat instructeur n’a pu entendre Claude Joseph, l’ancien premier ministre a.i au moment de l’assassinat. M.Joseph qui était accompagné de ses partisans et une bande de rara, a provoqué un ramdam devant les bureaux du juge qui a estimé que le climat n’était pas propice pour une audition.