Mon amie Dominique Ollivier
Par Robert Perreault. Il a été vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, président du conseil d’administration de la STM et ministre responsable de la région de Montréal.
J’ai eu la chance de travailler dans le passé avec Dominique Ollivier et je suis devenu par la suite l’un de ses amis; une femme intelligente, compétente, et dédiée à l’avancement de la chose publique. Sa vie personnelle et professionnelle est un modèle d’intégration à la société québécoise. Je n’ai aucun doute quant à son honnêteté intrinsèque. Mais personne n’est parfait. Elle a commis des erreurs qu’elle a elle-même d’ailleurs reconnues et dit regrettées; elle en assume d’ailleurs personnellement avec dignité les conséquences.
Il y a cependant quelque chose de fort injuste et de démesuré dans l’acharnement avec lequel certains se sont posés dans cette affaire en redresseurs de torts : injuste à l’égard de la personne de Dominique Ollivier, et démesuré dans le traitement des enjeux soulevés.
Les media ont certes la responsabilité de questionner les faits et gestes de nos dirigeants, la pertinence de nos institutions, et d’agir comme chien de garde de l’intérêt public.
Mais le traitement donné à cette affaire a trop souvent ressemblé à l’expression d’un populisme facile, sinon de prétexte à une cabale indirecte contre certaines des orientations de l’Administration municipale en place.
Ainsi certains problèmes de gestion à l’Office de consultation publique de Montréal (ils sont réels, doivent être corrigés; mais quelle organisation en 20 ans d’existence n’en a pas rencontrés…) deviennent, sans autre analyse, une raison pour certains de tout simplement réclamer à hauts cris que l’on mette la clé sur la boîte.
L’Office se voit affubler du nom de le machin et on le déclare péremptoirement inutile. Or rien de plus faux. L’OCPM a fait sous la présidence de Dominique Ollivier un excellent travail. Les citoyens et les diverses organisations de la société civile se présentent nombreux aux consultations publiques; leurs commentaires sont pris en compte et viennent bonifier bien des projets.
Certes l’Administration a choisi dans le dossier du réaménagement de la voie Camillien-Houde de ne pas suivre les recommandations de l’OCPM et de plutôt retenir un réaménagement davantage en phase avec le caractère naturel du parc et les préoccupations de plus en plus partagées en faveur de la préservation de la biodiversité.
On peut bien sûr avoir un point de vue différent; mais c’était là son privilège et un choix parfaitement légitime. Ramener la consultation publique à un stricte exercice référendaire, c’est mal comprendre la diversité et le rôle des différents mécanismes démocratiques de consultation publique.
Avant de prôner un peu trop rapidement la fin de la consultation publique à Montréal, peut-être serait-il prudent de se rappeler ce qu’a été au plan démocratique l’époque de l’administration du maire Jean Drapeau et ses conséquences autrement plus lourdes sur les dépenses municipales que celles soulevées par le présent dossier.
L’ex-présidente du comité exécutif n’est responsable ni de la détérioration des sources de financement de la Ville de Montréal, ni des limites budgétaires bien réelles de celle-ci devant les défis grandissants qui confrontent toutes les grandes agglomérations du Québec.
Plutôt que de le reconnaître, on semble heureux en certains milieux d’avoir trouvé en sa personne un prétexte commode pour agir comme diversion, déstabiliser l’Administration en place et éviter toute réflexion un peu sérieuse sur les sujets les plus brûlants. L’exercice est trop exigeant. S’acharner sur le bouc émissaire est tellement plus facile.