« Moi je suis ouverte à l’idée qu’on aille jusqu’à des réparations.», affirme en entrevue à In Texto, Christine Black, la mairesse sortante après la sortie fracassante des cols bleus qui exigent des compensations par rapport à la discrimination en emploi que ces derniers ont subi à Montréal-Nord.

Mais la candidate de Ensemble Montréal dit attendre les recommandations de l’administration municipale, en négociations actuellement avec le syndicat, afin de procéder.

« Le syndicat représente les employés. Il semble y avoir des enjeux de gouvernance.  Mais, moi, je ne peux pas m’en mêler.», dit-elle.

Les démentis de Mme Black

Mme Black qui a suivi de près la sortie dans les médias, dimanche dernier, des cols bleus en avait long à réagir autour de plusieurs affirmations des délégués syndicaux.

De prime abord, la mairesse sortante prend le contrepied des déclarations à l’effet que le liste d’admissibilité à des postes ne serait pas accessible à tous.

« On respecte la convention collective, affirme Mme Black, deux fois par année, les informations sont mises à jour et le syndicat local y a accès.»

Pour ce qu’il s’agit de la liste d’ancienneté, Christine Black, nous dit que «c’est totalement faux », ce qu’ont affirmé les cols bleus, dimanche.

«  C’est affiché partout, dans les arénas, les babillards, les travaux publics, les parcs. J’étais très surprise de voir cela dans leurs revendications. Car, M.Roy est au courant de cette information-là. C’est un dossier sensible, il ne devrait pas amener des confusions à ce niveau.»- C. Black.

Troisième et dernier point, qui est venu chercher la candidate de Ensemble Montréal, touche la question de la formation. Les cols disent que l’administration engage une entreprise formatrice avec pour mission de faire couler les employés lors des évaluations. Là encore, ce ne serait pas la vérité, note Mme Black.

« On a changé complètement le processus. Aujourd’hui cette façon n’existe plus. Maintenant la formation est assurée par des  formateurs du  MRA (Matériel roulant et approvisionnement). Et, ils ne  relèvent pas de nous, mais plutôt de la ville centre. »

 Pour ce qu’il s’agit des ententes de confidentialité prises avec des employés lors de règlements de conflit, elle soutient que cette « pratique est courante et légale.»

« Je veux rassurer les personnes concernées: On vous a entendus. C’est un dossier prioritaire pour moi. On a reconnu le problème. On a agi. En ce moment on révise nos processus.»-la mairesse sortante

Selon Mme Black, plus de 70% des des demandes verbales qui ont été produites lors d’une tournée des cols bleus réalisée par Chantal Rossi, la mairesse suppléante d’alors, ont été réglées. Et, elle entend rassurer les cols bleus que tout sera fait afin de traiter tous « les dossiers portés à son attention.»

« On n’est pas une Ville anti-Noir et anti-Haïtien. C’est tout le  contraire. On est un des arrondissements qui a le plus de cadres noirs dans nos équipes. La discrimination pour moi c’est tolérance zéro.»-Christine Black

Interrogée sur le défaut de représentation syndicale évoquée par les employés, la mairesse sortante fait valoir que les discussions seront en continu et qu’elle a «  toute l’ouverture pour faire en sorte que cela soit réglé.»

Et les cols blancs?

De son côté, son adversaire, Will Prosper, dénonce le laxisme des dernières années qui a conduit à cette situation.

 « Je trouve dommage que les cols bleus soient obligés de faire tout ce travail parce que il y a trop de retards qui se sont accumulés dans ce dossier. »

Pour le candidat  à la mairie d’arrondissement de Projet Montréal, cet « enjeu  n’a jamais été pris à cœur par l’administration de Mme Black. ». Il en veut  pour preuve, ses nombreuses interventions au conseil municipal que présidait la mairesse sortante.

«  J’ai été à plusieurs reprises au conseil d’arrondissement pour m’enquérir des mesures mises en place. Jamais je n’ai eu de réponses. Ce n’est pas étonnant qu’on se retrouve dans cette situation.», estime M. Prosper.

L’aspirant maire noir croit que l’arrondissement aurait dû, depuis un minimum de 10 ans, nommer un responsable de diversité et inclusion, ce que la Ville vient tout juste de faire.

Et pour Will Prosper, la discrimination en emploi à l’endroit des cols bleus ne serait que la pointe de l’iceberg en termes de situation. Il faudrait, selon lui, gratter la réalité des cols blancs également.

« Beaucoup  de personnes n’ont pas la possibilité d’avoir des postes mieux rémunérés, mieux hiérarchisés.», ajoute le candidat.

Il se dit par ailleurs en faveur d’un dédommagement adéquat des cols bleus et promet d’agir en ce sens.

 «C’est sûr que c’est quelque chose que je vais réviser pour s’assurer qu’on puisse dédommager ces personnes-là.», promet Will Prosper, s’il est élu le 7 novembre prochain.

Pour ce qu’il s’agit du Syndicat, il estime qu’il y a un travail à faire afin que celui-ci « puisse mieux représenter ces gens. »

« Je vais regarder plus en profondeur, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec le syndicat. »