Montréal-Nord « pressé » de fermer des églises

Alors que les églises catholiques se transforment en condo, faute de fidèles, l’arrondissement de Montréal-Nord assiste actuellement à une sorte de prolifération des lieux de culte d’obédience protestante sur son territoire.
Entre 2011 et 2013 l’ancienne administration avait recensé plus d’une soixantaine d’églises, en majorité haïtienne. « C’est la grande question que l’on se pose : combien de lieux de culte est-ce qu’on a aujourd’hui à Montréal-Nord?», se demande Christine Black, l’actuelle mairesse lors d’une entrevue au journal.
« Il y a plus que 60 », affirme pour sa part le pasteur Serge Célestin qui préside le Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord lors d’une conversation téléphonique.
Beaucoup d’entre ces lieux de prière ne s’affichent pas ou ne fonctionnent pas avec pignon sur rue, ce qui rend le travail des inspecteurs de la ville difficile lors de leurs tournées. C’est l’ombudsman de l’arrondissement qui met actuellement des « pressions » sur l’administration Black afin de régulariser tous les dossiers.
Un bon nombre d’églises poseraient de graves problèmes de sécurité en termes d’espace souvent trop contigu. Il y a une grave problématique de sortie de secours qui n’existe pas ou des enjeux de stationnement tout simplement.
Au « ralenti »
« On est un peu coincé, dit la mairesse, l’ombudsman nous presse de régulariser les dossiers et en même temps, je ne souhaitais pas qu’on ferme tous les lieux de culte qui ne sont pas conformes du jour au lendemain.»
Le protecteur du citoyen et défenseur du droit à la ville aurait même exigé l’application d’un moratoire actuellement sur l’émission de tout nouveau certificat d’occupation à usage de lieu de culte.
Mais Christine Black entend nuancer un peu sa réponse à cette requête.
« Sans dire que c’est un moratoire, je vous dirais qu’on est sur le ralenti en ce moment.»-Christine Black
La mairesse est en discussion actuellement avec les représentants du Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord et indique que des annonces seront faites bientôt à ce sujet.
Le président du Conseil des leaders religieux reconnait qu’il y a une problématique sérieuse avec certains lieux. «Je suis d’accord qu’il y en a trop. Il y en a qui respectent les normes. Mais il y en a d’autres qui mériteraient d’être fermées. Cependant, ce n’est pas mon rôle de les indexer », affirme le pasteur Louis Serge Célestin.
Ni ralenti, ni moratoire à Saint-Michel
Ce dernier a tout tenté, durant trois ans, pour ouvrir une église dans le quartier Saint-Michel, mais sans succès en raison de l’opposition d’un petit groupe de commerçants qui ont fait une pétition à la ville en invoquant des problèmes d’embouteillage.
Le pasteur a du revendre, à perte, la bâtisse qu’il avait achetée à cet effet et payé 82 000 dollars de taxes accumulant pendant trois ans à l’arrondissement de Saint-Michel. Il a perdu des frais de gestion de la demande de permis totalisant 9890 dollars couvrant l’étude du dossier, un plan d’architecture, permis pour le recouvrement des murs, changement de zonage entre autres.
Selon lui, une douzaine d’églises haïtiennes, dont la sienne et une mosquée, ont été fermées dans Saint-Michel au cours des dernières années, ce que l’arrondissement ne confirme pas.
Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension affirme, d’une part, qu’ « Il n’y a pas de moratoire sur l’implantation d’églises sur son territoire », encore moins de ralenti contrairement à Montréal-Nord.
Il note que c’est le règlement de zonage qui définit les sites sur lesquels il est possible d’implanter un lieu de culte. « Il ne s’agit pas d’une situation problématique dans Saint-Michel. Toutefois, on y retrouve certaines églises vacantes depuis les dernières années.», nous écrit dans un courriel Rachel Vanier, chargée de communication à la ville.
En deux ans, Saint-Michel n’a émis toutefois que quatre certificats d’occupation, soit deux en 2017 et autant en 2018.
La ville fait remarquer qu’à l’occasion, des citoyens viennent au bureau des permis et de l’inspection pour s’enquérir de l’usage de lieu de culte sur un site donné. Lorsque l’usage n’est pas permis, les citoyens ne déposent pas nécessairement de demande.