Nadine Girault invitée quasiment à la démission
«Décus », « Choqués » par le refus systématique de Québec à ouvrir le nouveau programme spécial de régularisation à tous les travailleurs essentiels, militants, politiciens, emmenés par Debout pour la dignité ( DPD) ont manifesté devant les locaux du ministère québécois de l’immigration, samedi, afin de demander à la ministre Nadine Girault, d’origine haïtienne, de « se ressaisir »
Frantz Benjamin, député de Viau, Paule Robitaille, députée de Bourassa-Sauvé, tous deux sous le parapluie du Parti libéral du Québec (PLQ), Nathalie Pierre-Antoine et Josué Corvil, deux conseillers municipaux et bien d’autres sympathisants de la cause ont aussi pesté devant les bureaux de la ministre Girault à Montréal.
« On constate avec beaucoup de tristesse et de désarroi que sous la pression de Québec, on laisse sur la ligne de touche des milliers de travailleurs essentiels », fustige Wilner Cayo de la DPD qui estime que le premier ministre Francois Legault et sa ministre de l’Immigration, Nadine Girault, sont «déconnectés de la réalité».
Pour ce pasteur qui a déjà été candidat de la Coallition avenir Québec (CAQ), le chef du gouvernement caquiste n’a aucune cohérence dans la mesure où sa décision de « laisser en plan » des milliers de travailleurs ne corresponde pas avec la liste de travailleurs que lui-même avait établie comme étant «essentiels».
« Leur logique n’obéit à aucun rationnel cohérent, proteste M. Cayo, c’est François Legault lui-même qui avait établit cette liste. »
De nombreux travailleurs, demandeurs d’asile, travaillaient sans relâche dans les entrepôts, les abattoirs, au volant de camion et s’assuraient que la nourriture arrive dans les assiettes de ceux qui restaient à la maison au plus fort de la pandémie.
« Ces gens sont assez bon pour être exploités, mais passez bons pour être régularisés? », se demande Wilner Cayo.
Il invite la ministre, qui fait partie de l’immigration haïtienne à se tenir debout face à son chef si jamais elle croit dans des valeurs profondes d’humanité. Il appelle quasiment Nadine Girault à quitter son poste le cas échéant.
« Discriminatoire »
Nadine Girault devient aujourd’hui la cible des groupes et organismes qui militent en faveur de la régularisation des sans-papiers. Si les dirigeants de DPD sont à un poil de l’appeler à la démission, Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti se dit « choquée » de ne pas sentir sa personnalité dans le dossier.
« Sa position est calquée sur la position du gouvernement, mais on ne sent pas sa position à elle. Il n’y a pas d’humanité dans ses réponses », analyse Mme Villefranche.
Elle dénonce une discrimination à l’endroit de ceux qui n’ont pas été retenus dans le programme alors qu’ils travaillaient tout aussi fort que ceux qui donnaient des soins aux malades.
Marjorie Villefranche assimile ce programme à un jeu de hasard.
« C’est ridicule, s’emporte Mme Villefranche, c’est une discrimination. Car cela fait l’effet d’une loterie. C’est inéquitable et ce n’est pas du tout ce qu’on attend de Québec. »
Plusieurs partis politiques dont le PLQ et Québec solidaire (QS) appuient l’idée d’accorder la résidence permanente à tous les travailleurs essentiels. Andres Fontecilla, porte-parole de Qs en matière d’immigration,dénonce « une décision électoraliste » de la CAQ.
Pour lui, le problème vient du fait que le parti de François Legault entend ainsi faire baisser le seuil d’immigrants comme promis.
« Pour un parti nationaliste, quel est l’intérêt national de ne pas régulariser ces gens alors qu’ils ont contribué largement pendant la pandémie? », se questionne le député de QS.
Il se dit déçu du gouvernement mais surtout de la ministre de l’Immigration.
« J’avais beaucoup d’espoir de changements à l’arrivée de Nadine Girault, issue elle-même de l’immigration haïtienne, mais à voir le résultat, ces décisions ne rendent pas honneur à sa réputation. »-A Fontecilla.