Noir au volant: la police remorque sa Cadillac
Deux policiers de la Sureté du Québec (SQ), poste de Mascouche, ont interpellé le 4 décembre 2020 un homme de race noire, Leslie Blot, au volant de sa Cadillac dans le cadre d’une « vérification de routine » qui s’est terminée par un remorquage de son véhicule.
Au terme d’un vif échange entre les agents et M Blot, qui, trop stressé dit-il, ne parvenait pas à trouver son permis et les papiers du véhicule à temps, le conducteur s’est vu remettre une contravention de 314 dollars pour pneus d’hier non installés.
La date limite pour se munir de caoutchoucs qui adhèrent à la conduite hivernale est le 1er décembre. Or, l’incident s’est produit trois jours plus tard.
« Ils m’ont demandé dans un premier temps quand est-ce que j’allais le faire et je leur ai dit : le lendemain.», rapporte en conférence de presse Leslie Blot qui pensait au départ que les policiers allait le laisser partir avec un avertissement. Il a déjà contesté le billet.
Les agents ont décidé, de surcroît, de faire remorquer le véhicule en raison de l’absence de pneus d’hiver, ce qui a coûté au conducteur une somme de 160 dollars.
« Racisme inversé »
Tout a commencé par une « interception » en vue d’une « vérification de routine » selon ce qu’ont invoqué les deux agents comme motif. M. Blot a décidé de coopérer jusqu’à ce qu’un des policiers commence à fouiner à l’intérieur de son véhicule et a prétendu qu’il transportait de la drogue.
L’autre a affirmé qu’il avait un dossier de violence et une affaire criminelle en cours, alors qu’il n’en est rien selon le conducteur.
« Il m’a traité de raciste. Le policier blanc m’a traité de raciste et que je pratiquais du racisme inversé. »-Leslie Blot
La SQ dit avoir pris connaissance de la vidéo déposée en preuve dans le cadre des plaintes de Leslie Blot aux Droits de la personne et à la déontologie, mais refuse de trop commenter l’affaire « pour ne pas entraver le processus en cours »
Mais, Mélanie Dumaresq, porte-parole de la Sûreté du Québec, se réjouit du fait que le citoyen ait décidé de filmer l’intervention
« Comme la personne l’a fait, c’est bien parfait. On suggère aux personnes qui se sentent léser, manquer de respect ou viser par des interventions qui n’auraient pas lieu d’être de prendre les recours nécessaires.»– M. Dumaresq
En parlant de conditions routières, tout le mois de décembre et une bonne partie de janvier 2021, la neige ne commençait pas à tomber et on était encore dans des températures d’automne.
Leslie Blot affirme que les policiers l’ont arrêté de façon aléatoire et associe cette intervention au phénomène de « Noirs au volant » : les personnes de race noire qui conduisent de belle voiture se font enquêter sans raison et de façon aléatoire par la police.
Interpellation ou interception
Une nouvelle Directive du ministère de la Sécurité publique est venue interdire cette façon de faire au sein des corps de police depuis août 2020
«La pratique élaborée par le MSP vise à s’assurer que l’interpellation policière n’est pas aléatoire ou sans fondement, qu’elle est exempte de motifs discriminatoires et qu’elle se fait dans le respect de la personne.», avait écrit le MSP dans un communiqué annonçant les nouvelles dispositions
Or, pour les policiers, interpellation est différente d’interception. Sur la base de l’article 636.1 du Code de la sécurité routière, les policiers continuent de façon aléatoire d’ « intercepter » des conducteurs au volant notamment des Noirs.
« La nouvelle Directive parle d’interpellation. Et, pour nous cela fait référence au piéton et non aux conducteurs sur la route.»,
nuance pour In Texto, la porte-parole de la SQ pour justifier l’intervention de ses collègues auprès de Leslie Blot le 4 décembre 2020.
Récemment, le Groupe de travail sur le racisme au Québec, co-présidé par Nadine Girault et Lionel Carmant, avait fait plusieurs recommandations afin de lutter contre le profilage racial dans la province. L’une d’entre elles touche au Code de sécurité routière, cette machine à profilage.
Mais à date, le Code n’a toujours pas été modifié, ce qui laisse libre cours aux policiers d’utiliser cet outil de travail.
Dans la cour de François Legault
Afin de récupérer son auto à la fourrière, Leslie a dû se rendre au poste de la SQ de Mascouche pour obtenir une autorisation, ce qu’il a obtenu. Toutefois, reprendre possession de son véhicule n’a été une partie de plaisir.
Le remorqueur aurait rechigner à lui rendre son bien roulant sous prétexte que les deux policiers auraient laissé une note à l’effet que le propriétaire devrait arriver avec les pneus d’hiver et les installer sur place avant de quitter.
« Étant donné que j’avais une autorisation du sergent chef du poste, ils étaient obligés de la rendre mon auto.», a indiqué M.Blot.
Avec l’aide du Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR), Leslie Blot a logé deux plaintes, une à la Commission des droits de la personne et une autre à la déontologie policière contre les agents impliqués et la SQ.
« On est en 2021, et les plaintes pour profilage racial se multiplient année après année dans la région de Lanaudière, qui est la région du Premier ministre du Québec », note le directeur général du CRARR.
« Il faut que le Premier ministre règle les problèmes de discrimination raciale dans sa cour, car la situation est devenue de plus en plus inacceptable pour les résidents noirs de la région »- Fo Niémi.
M. Blot a déjà au moins deux plaintes pour profilage contre la police de Repentigny lorsqu’il y habitait. Il réside actuellement à Terrebonne.
Vous pourriez aussi aimer!
One Comment on “Noir au volant: la police remorque sa Cadillac”
Comments are closed.
Les sauvages croient que tout leur est permis « chez eux » sur les noirs, les arabes, les autochtones, les minorités racisées.
https://kewoulo.info/quebec-liberte-academique-droit-a-linjustice-racisme-a-violence-systemique/