Parlons de cette « soi-disant » diversité.
Je fais partie (avec bien de mes comparses) de ceux que la télé et la radio commerciale n’ont pas toujours supporté. Je dis « toujours » dans mon cas, parce que MOI j’ai beaucoup joué à la radio, mais parlez-en à beaucoup d’artistes qui n’ont jamais eu cette opportunité.
Croyez-le ou non, même à moi, Don Karnage, M. HIP POP/Konpa, M. ParticipACtion, M. Positif, on m’a déjà dit: « Non, on ne jouera pas ça ici, c’est trop rap »
La première personne qui a pu nous faire voir à la télé comme nous aurions voulu y être, je pense, est Rudy Eloi. Ceux qui ont sensiblement mon âge vont se souvenir de l’émission « Watatatow » et du rap, du générique.
Je me souviens que bien qu’on aimait Rudy, on avait des débats sans fin parce qu’il avait un accent « joual » à la télé et que NOUS ne parlions pas comme ça. Ce gars était le plus proche « représentant » de la « diversité » de l’époque.
Je doute que la télé ait pu NOUS offrir un autre personnage plus près de nous que lui. Rudy n’était pas un vendeur de drogue, un membre de gang de rue ou un pimp, juste un gars cool.
Je peux dire qu’au Québec, on a fini par s’essouffler à force de tenter de faire notre place telle qu’on la voulait. On s’est tourné vers les USA et Internet.
On aimait le Rap, la radio n’en jouait pas, on ne se voyait pas comme on voulait se voir à la télé, les artistes qu’on aimait n’avaient pas une place régulière dans les médias.
Une fois de temps en temps, on allait donner aux artistes de la « diversité » des miettes ici et là. Comprenez que je compare aux monstres que les médias pouvaient créer à l’époque.
Les mêmes chansons, les mêmes acteurs dans plusieurs séries avec des rôles différents, TOUT LE TEMPS. On connaissait tout de ces artistes mais de nous, très peu.
« I’M NOT DONE. »
Je raconte souvent que j’ai déjà léché 250 enveloppes pour envoyer 250 CDs dans 250 radios du Québec pour faire la promotion de ma musique. J’ai eu les meilleurs producteurs/gérants que l’industrie aurait pu offrir à l’époque. Ils sont encore aujourd’hui des amis chers, parrain de mes enfants et tout.
Aujourd’hui, même mon cellulaire est 4K! Ai-je vraiment besoin des médias mainstream pour accomplir quoi que ce soit?
Malcom X disait que la liberté ne se demande pas, elle se prend. Puisqu’on parle de médias, je vais citer MC Hammer qui a investi dès le tout début de YouTube.
Il a dit qu’avec cette plateforme, plus jamais un directeur musical ne pourrait lui dire: « non, on ne jouera pas cette chanson sur nos ondes ».
My people, je n’ai jamais l’habitude d’être vulgaire, jamais, mais pour de vrai F* EM.
Je regarde Donny Simon qui est sur le point de devenir notre Oprah, ou Kevin Calixte du Keke Show, qui lui est notre Montell Jordan/Arsenio Hall (remarquez les commandites durant l’émission) ou Black VoodooX qui est dans ces mêmes voies. Mon « djolè » favori Bossbens qui couvre la télé et surtout le net ici et ailleurs. Dice B, help me my man, on en a tellement parlé. Tant d’autres que je ne nommerai pas.
On a des artistes que tout le monde connait, qui font des spectacles et qui remplissent les salles, dont les fans chantent leurs paroles par coeur, alors que les médias mainstream ne leur ont jamais donné leur chance.
Les BadBoys du Rire font salle comble chaque fois que j’en entends parler, comme quand j’y suis allé.
Je ne vais jamais cracher sur ce qui nous est donné, mais j’ai un arrière-goût de « trop peu, trop tard » dans la bouche. Qui aurait pu penser que LA PRESSE ferait faillite un jour?! Que Musique Plus disparaîtrait tout carrément.
Quand on me parle de « diversité » à la télé aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est comme si quelqu’un essayait de me convaincre de me battre pour qu’il y ait plus de « diversité » dans le journal LA PRESSE en papier…IT’S DEAD!
Quand j’aurais voulu y être, il n’y avait pas de place pour moi. Maintenant que c’est en train de crever, tu veux que je vienne te prêter main forte?
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien !dansez maintenant. »
I’M ALMOST DONE
Je suis content pour les « Kevin Raphael » de ce monde. Comme pour les « Mélissa François » – Dieu sait comment j’ai pu ressentir de la frustration sans fin pour cette jeune dame. Même, encore aujourd’hui, alors que je vois bien qu’elle a trouvé sa place.
So, la télé est en déclin à mes yeux, mes enfants sont des abonnés YouTube et Netflix. Ils n’ont aucune idée de qui sont ces artistes que l’on a coincés dans ma gorge comme des arêtes de poisson.
Je les vois accomplir des choses que je n’aurais jamais pu accomplir à leur âge grâce à l’Internet.
Je suis infiniment heureux pour ceux qui ont choisi de ne pas attendre. Vous avez tout mon support, toute mon attention ainsi que toute mon admiration.
Do your thing!
Il n’y a plus aucune limite.
Ouf.
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One Comment on “Parlons de cette « soi-disant » diversité.”
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Oui pour réussir à l’époque, il fallait avoir l’accent JOUAL en acceptant d’être assimilé. Les médias n’encourageaient pas l’authenticité. Que du courage pour réussir dans cet univers injuste. Malgré tout, ces apprentissages forgent la personnalité parce qu’on ne laisse plus personne décider à notre place au risque d’être le dernier toujours. Il faut être prêt et de ne jamais baisser la garde.