Pourquoi pas F. Benjamin comme chef du PLQ?
Il est évidemment trop tôt pour identifier les causes profondes de l’échec du moment-Anglade comme cheffe du parti libéral du Québec. Ce sera le travail des historiens; et ils disposent de tout le temps pour le faire.
Toutefois, peu importe ce qu’on soulignera comme «complexe de facteurs» de la non-réussite de cette expérience, la mémoire journalistique en moi retiendra que l’élément déclencheur de la dernière grogne au sein du parti libéral, qui a provoqué d’ailleurs la démission de Madame Anglade, est l’octroi par cette dernière d’un poste d’un peu plus de 30 mille dollars à un député; tandis que le même poste était convoité par une députée.
Simplement dit. Très simplement dit.
Il n’a suffi que de cela, pour qu’on assiste à une séance de lavage de linges sales de famille libérale en public. Madame Anglade est partie.
Son départ devient dès lors l’occasion d’une course à la chefferie. À cette future compétition, je me plais à croire que Frantz Benjamin devrait se représenter. Il pourrait faire valoir un certain nombre d’avantages redoutables:
1-Il a de l’expérience en politique, ayant été conseiller municipal et étant à l’aube de son deuxième mandat comme député provincial;
2- Il est issu de l’immigration. Il est relativement jeune. Il est québécois et il est noir;
3- Il est un excellent et sympathique communicateur.
Sa candidature placerait le parti libéral et le Québec, pour une deuxième fois consécutive, devant la question existentielle suivante: le Québec est-il prêt à avoir un Premier Ministre noir, c’est-à-dire, son Barack Obama ?
C’est une fenêtre d’opportunité qui s’offre à nous en tant que collectivité. Dans ce sens, la candidature de Frantz Benjamin constituerait une excellente alternative au projet politique xénophobe, basé sur le repli identitaire de François Legault. Frantz Benjamin nous offrirait un projet plus ouvert, moderne, inclusif, selon lequel on est Québécois.e non pas en fonction de ses origines, mais à la mesure de l’amour qu’on porte au Québec.
Toutefois, pour que Frantz Benjamin y réussisse, il lui faudra suivre deux exemples. Je les appelle ( pour le besoin de la cause):
a- la méthode Sarkozy;
b- et la méthode Trudeau.
Méthode Sarkozy ? Frantz Benjamin doit annoncer très rapidement sa candidature, de manière à forcer les autres à se définir par rapport à lui.
Méthode Trudeau ? Il lui faudra constituer dès maintenant une équipe qui planche sur son offre politique.
Frantz Benjamin n’a rien à perdre à se représenter à la succession de Dominique Anglade. Au fait, il a tout à gagner. C’est le fameux « pari de Pascal » en philosophie: s’il gagne, il gagne tout; s’il perd, il ne perd rien.
Cependant, Frantz Benjamin devra être moins modeste, car en politique, l’électeur s’offre au politicien qui le veut vraiment et qui le démontre sans gêne. Il lui faudra mettre toutes ses tripes sur la table, et montrer qu’il est le visage du Québec du XXIe; contrairement à un François Legault ringard et « mononcle ».
En terminant, je vais prodiguer à Frantz Benjamin une leçon de choses qui nous vient des âges: « l’Histoire est un chef qui ne sert jamais deux fois le même plat au même invité ».
J’entends l’appel de l’Histoire à Frantz Benjamin pour qu’il se lance à la chefferie du parti libéral du Québec. Ne l’entendez-vous pas ?