Profilage: il réclame $ 200 000 à Repentigny
À l’aide du Centre de recherche action en relations raciales (CRARR), le jeune Stanley Jossirain vient de porter, par devant la Commission des droits de la personne, six plaintes contre un total de 16 policiers et la Ville de Repentigny pours des incidents de profilage qui ont eu lieu entre le 1er avril 2018 et le 15 août 018.
Dans ces six plaintes, le CRARR réclame pour M.Jossirain un total de $200 000 en dommages moraux et punitifs. L’organisme appelle également dans ses griefs, à des mesures systémiques en vue d’enrayer une bonne fois pour toute le phénomène.
Le CRARR appelle à la mise en place d’une politique anti-discrimination dans les services policiers de Repentigny, la collecte des données d’intervention basées sur la race et la formation obligatoire des gestionnaires et policiers, ce que la Commission des droits de la personne réclame, sans succès, à la Ville de Montral depuis plusieurs années. L’organisme Lakay média abonde dans le même sens aussi.
«Pour moi c’est un premier pas. Je suis content. »–Sanley Jossirain.
Selon lui, les 200 000 dollars réclamés ne résoudront pas le phénomène pour autant. «Ce n’est pas pour de l’argent que je fais cela, dit-il, mais pour des jeunes comme moi, pour les Noirs.»
D’un autre coté, cinq autres plaintes en déontologie policières seront déposées, ce mois de mars, au sujet de ces mêmes incidents. Elles viseront 13 policiers au total, cette fois.
«Le CRARR demandera au Commissaire à la déontologie policière de traiter ces plaintes en bloc, afin de mettre clairement en lumière les aspects systémiques des comportements des policiers mis en cause. », écrit Fo Niemi dans un communiqué.
En plus de l’affaire Jossirain, la Ville de Repentigny est actuellement citée à titre de défendeur dans un autre cas de profilage racial devant le Tribunal des droits de la personne.
Deux jeunes noirs de12 ans qui ont été détenus et maltraités en 2013 par trois policiers (dont l’un est aussi mis en cause dans l’une des plaintes de M. Jossirain) réclament 42 000 dollars à la Ville.
C’est la Commission des droits de la personne qui les représente devant le Tribunal après avoir accueilli leurs plaintes.
La Ville de Repentigny dit «ne pas souhaiter commenter » un dossier qui est «judiciarisé». Marlène Girard, la porte-parole de la Ville indique avoir reçu le communiqué du CRARR au sujet de ces six plaintes, sans plus.
« Mon service juridique me dit qu’il n’a rien reçu pour le moment.»–M. Girard.
Plaintes en hausse
De plus en plus de personnes de race noire tendent à déposer des plaintes pour profilage racial par devant la Commission des droits de la personne. Depuis 2015 celles-ci ont explosé à Montréal/Laval et dans les municipalités aux alentours.
De 24 plaintes en 2015, on est passé à 35 en 2019 pour Montréal/Laval alors que l’année n’est même pas terminée. C’est en 2018 où l’on a eu le plus de griefs soit 38 formulations auprès de la Commission en ce qui concerne ces deux villes.
Lanaudière connait une certaine hausse des plaintes également. D’une plainte en 2015, la région est passée 3 en 2019.
Montérégie enregistre le plus bas taux cette année avec seulement une plainte pour profilage racial selon les données communiquées à In Texto par la Commission des droits de la personne.
Plus de médiation
Pour Fo Niemi, le phénomène n’est pas nouveau à Montréal et dans les villes environnantes.
« Auparavant, les gens avaient peur et ne croyaient pas que le système allait apporter quoi que ce soit. Ils comprennent aujourd’hui que les services policiers sont assurés grâce à leurs taxes et impôts »-F. Nimemi.
La CDPDJ a reçu, en 2018, pas moins de 1 530 demandes en matière de « Droits de la personne » dont 641 dossiers sont toujours ouverts.
De ces griefs, un total de 248 dossiers de plainte ont été dirigés vers le service de médiation de la Commission dont 149 ont été réglés avec entente.
Toutefois, près de 80 plaintes n’ont pas su trouver un terrain d’entente entre les protagonistes.