Profilage racial: la Clinique juridique de Saint-Michel écoute

La Clinique juridique de Saint-Michel (CJSM) organise ce samedi 20 juin «Lumière sur le profilage racial », un marathon de 12 h (11h à 23h) de témoignages de victimes de ce phénomène au Québec en vue de soutenir l’argument « irréfutable de sa présence ici »
La CJSM espère vous faire entendre , live sur Facebook et sur Instagram entre autres, des dizaines d’histoires horribles de filatures, d’interceptions et d’interventions abusives de policiers basées sur la couleur de peau d’un groupe de citoyens.
«Je comprends que les gens ne vont pas rester 12 h durant devant leur écran de téléphone ou d’ordinateur, mais prenez la peine de venir entendre la réalité de gens qui sont victimes de profilage.», plaide Me Fernando Belton l’un des avocats mentors des étudiants en droit de la clinique juridique.
« Nous avons beaucoup de gens de Saint-Michel même, où se trouve la clinique, qui nous appellent pour nous raconter leurs expérinces avec le service de police »- Nada Boumeftah, une autre avocate membre de la CJSM.

Depuis mars dernier, en plein confinement, plusieurs étudiants travaillent sur au moins trois dossiers de profilage racial à Montréal (deux au pénal et un autre au criminel).
« Les dossiers sont devant la cour présentement.», souligne Me Belton qui évite de trop les commenter, sauf un cas flagrant à son avis juridique.
«Je peux vous dire que la patrouille a intercepté notre client sous prétexte qu’il présentait des symptômes de quelqu’un en état d’ébriété alors que l’alcootest révélait qu’il n’en avait pas une goutte dans le sang. Malgré tout, il été brutalisé »
Une clinique ouverte
Parmi la cinquantaine d’étudiants qui fréquentent cette clinique juridique axée sur les communautés culturelles, on retrouve de jeunes Québécoises blanches également.
Laurence Pinet est l’un des jeunes avocats en devenir et qui croit que sa contribution est importante dans le lutte à cette injustice.

Alexandra Mayard, une jeune étudiante en droit d’origine haïtienne se réjouit que ses collègues étudiants, de race blanche, «qui n’ont pas vécu des situations comme ça», fassent leur part.
«Car le silence est de la violence. C’est vraiment le moment de parler.», estime Mme Mayard. Elle croit par ailleurs que la présence et l’implication d’avocats et de juristes noirs comportent un «avantage» pour les victimes de ces actes racistes.

« Ça amène une compréhension de ces événements-là qu’une personne de race noire blanche n’aura pas nécessairement. Ça permet d’apporter un regard plus grand sur la problématique »-
Laurence Pinet
Au total une centaine d’usagers sont passés par la clinique pour s’informer, prendre des conseils juridiques depuis sa création. Dans le cadre des conférences, de représentations, pas moins de 500 personnes ont été touchées selon les données de la CJSM qui fonctionne quasiment à même les poches des membres.
Depuis sa création, elle reçoit peu d’aide hors mis une contribution au démarrage du député de Viau-Saint-Michel Frantz Benjamin et un local offert gratuitement par le Groupe 3737.
Pourtant la CJSM a déjà envoyé des dizaines de demande de financement, sans succès.
« On reçoit à chaque fois une jolie lettre qui nous informe que notre projet est bien beau mais pas été retenu.»– Fernando Belton.
Notons toutefois que Emploi d’été Canada a permis récemment à la clinique de rémunérer sa coordonatrice qui travaillait jusque là de façon bénévole.
Adresse : 3737 Boul Crémazie E, Montréal, QC H1Z 2K4 Téléphone: (438) 300-7771
Facebook: https://www.facebook.com/cliniquejuridiquesaintmichel/