Profilage racial: et le «leadership politique» de Valérie Plante?

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) appelle à « un leadership politique » dans le dossier de profilage racial à Montréal mais aussi un « leadership administratif » au sein du service de police.
Alors qu’une résolution du Conseil municipal demande un moratoire sur les interpellations de routine des policiers, la CDPDJ va, elle, encore loin en recommandant « l’interdiction définitive » des contrôles policiers de routine lors d’une intervention devant la Commission de la sécurité.
« On parle du leadership administratif, mais est-ce qu’on ne devrait pas poser la question du leadership politique là-dessus, qui devrait, à mon avis, présenter des orientations claires à ce sujet? », se demande, en entrevue à In Texto, Myrlande Pierre, vice-présidente de la CDPDJ, responsable du mandat Charte.

Retour au passé
Pour elle, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) connait un recul en la matière. Car, en 2008, le service de police avait adopté et rendu publique une politique contre le profilage racial, pour aujourd’hui « réfuter l’idée qu’il y ait du profilage »
« Ce qui est, à notre avis, un recul dans la reconnaissance de cette pratique »-Myrlande Pierre, maître et doctorante en sociologie.
« Le témoignage des victimes de profilage discriminatoire est par ailleurs sans équivoque quant au message de double standard qu’elles perçoivent. Elles ont le sentiment d’être traités comme des citoyens de seconde zone, des personnes pour qui le droit à l’égalité est souvent perçu comme étant abstrait et théorique »,
a-t-elle dit devant la Commission de la Sécurité.
Après son exposé du 22 novembre dernier devant la Commission de la sécurité, la sociologue prendra son bâton de pèlerin pour se rendre à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). Le 4 décembre, elle doit présenter un Mémoire de la CDPDJ sur les différentes formes de discriminations observées dans la province.
Les thèmes qui seront abordées devant l’OCPM
- Profilage racial
- Racisme envers les Autochtones
- Racialisation de la pauvreté
- Féminisation de la pauvreté
- Colonisation
- Discrimination en emploi et accès restreint au logement
Depuis plus de 15 ans, la Commission œuvre à dénoncer et enrayer le profilage racial et le profilage social. Loin de faire reculer ces pratiques, le dernier rapport sur le sujet, commandé par la Ville de Montréal, démontre que les Noirs, les Arabes sont 4 fois susceptibles d’être arrêtés que les Blancs. Et pour ce qu’il s’agit des des femmes autochtones, les chercheurs parlent de 11 fois plus.
Lors d’une conférence de presse à la suite de la publication de cette enquête, les responsables du SPVM ont préféré parler de « biais systémique », évoqué par les chercheurs dans leur document en guise de « profilage racial »
« Mais le résultat démontre clairement qu’il y a du profilage », analyse pour sa part, la vice-présidente de la CDPDJ.
Pour Myrlande Pierre dont l’expertise en la matière est internationalement reconnue, si les chercheurs n’ont pas mentionné le terme « profilage racial » dans le rapport c’était pour des raisons méthodologiques.
« Ce que moi j’ai compris, les chercheurs ne voulaient pas qu’il y ait des blocages de la part du SPVM en utilisant clairement le terme profilage racial »-M. Pierre
La Commission a notamment recommandé à la Ville de Montréal, au SPVM et à la STM de se doter d’indicateurs uniformes afin d’effectuer une collecte de données fiables concernant les personnes surveillées, interceptées, interpellées, arrêtées et/ou accusées.
Cette collecte de données devrait permettre d’évaluer l’effet disproportionné et discriminatoire de certaines pratiques ou normes, qui pourront ensuite être modifiées en conséquence.