Québec: la Charte des droits et libertés en créole haïtien
C’est justement, en créole haïtien que la vice-présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), Myrlande Pierre, a lancé, au BCHM, la version de la Charte simplifiée que vous pouvez avoir ICI.
Lonè tout moun! Jodia se yon jou espesyal, se ak anpil kontantman map selebre avè nou lansman Chat senplifye sou dwa a libète moun nan lang pa nou.nan lan matènel nou. (Honneur et respect! Je vous salue tous, aujourd’hui est un jour spécial, c’est avec joie que je célèbre avec vous le lancement de la Charte simplifiée des droits de la personne dans notre langue).
La Charte simplifiée explique en langage clair les droits garantis par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et vise à informer et sensibiliser les nouveaux arrivants créolophones.
«En effet, l’idée que tous les Haïtiens et Haïtiennes qui arrivent ici sont tous francophones est, en quelque sorte, un mythe, a dit Mme Pierre lors de son allocution, cette conception remonte au début des années 1960 et 1970 lorsqu’un grand nombre d’immigrants haïtiens arrivaient au Québec. Il va de soi que les raisons qui poussent beaucoup d’Haïtiens à immigrer au Québec n’ont pas radicalement changé.»
À l’époque, la grande majorité de ces immigrants fuyaient le régime dictatorial des Duvalier qui sévissait en Haïti. De plus, cette première génération d’immigrants haïtiens composée majoritairement de médecins, d’infirmiers, d’avocats, d’enseignants, de cadres intermédiaires et supérieurs était parfaitement bilingue, maitrisant habilement le créole et le français comme langue seconde.
«Aujourd’hui, il faut souligner qu’un pan de la population haïtienne que le Québec accueille maitrise peu le français, en dépit du fait que la langue d’enseignement en Haïti demeure le français » a noté Myrlande Pierre.
Mwen espere chat senplifye sa ap ede anpil nan nou. Mwen espere tou ke li ap pote yon pi bon (on meyè) konesans sou dwa a libète moun.
(Nous espérons donc que cet outil saura combler un besoin au sein de la communauté haïtienne, tout particulièrement auprès des nouveaux arrivants et auprès des organismes qui desservent ce segment de population.), a ajouté, encore en créole, la vice-présidente de la Commission.
Ce document a été produit pour les organismes qui travaillent auprès des populations immigrantes qui ne maitrisent pas encore le français. La CDPDJ avait produit, il y a quelques années, une version simplifiée de la Charte pour le grand public, afin de rapprocher le contenu de cette loi importante des gens qu’elle protège. Depuis, l’outil a été traduit dans une douzaine d’autres langues notamment pour les peuples autochtones et les personnes nouvellement arrivées au Québec.
Elle a ajouté que trouver les mots justes qui allaient rejoindre tout le monde sans dénaturer le contenu juridique n’était pas chose facile. La version initiale a pris plus d’une année et demie à rédiger, ponctuée d’aller-retours avec les conseillères et les conseillers juridiques de notre organisation et ceux d’Éducaloi pour arriver à une version suffisamment simple mais qui ne perdait pas de ses nuances et de sa substance.
Aujourd’hui, la Charte simplifiée est l’une des publications les plus en demande à la Commission. Fort de notre succès, nous l’avons traduite d’abord en anglais, ensuite en espagnol et en arabe parce que ce sont les deux langues les plus parlées par les nouveaux arrivants au Québec. Elle est également traduite en six langues autochtones.
La Charte des droits et libertés de la personne est une loi fondamentale au Québec. C’est la loi qui garantit notamment le droit à l’égalité de toutes les personnes qui se trouvent au Québec, peu importe leur statut. Un des rôles de la Commission des droits est de faire connaitre les droits protégés par la Charte afin qu’ils soient respectés, que ce soit dans le domaine du travail, du logement, de l’accès aux services, entre autres.