Québec: un CSQ au nom d’un ange-gardien décédé

La veuve de Marcelin François, l’un des premiers anges-gardiens a avoir perdu la vie lors de la première vague de COVID-19 a reçu, la semaine dernière, dans le cadre du programme de régularisation, un Certificat de sélection du Québec (CSQ) au nom de son mari mort depuis le 14 avril 2020.
C’est la députée de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, qui a révélé cette information à In Texto dans le but de dénoncer ce qu’elle appelle «le cafouillage» au ministère de l’Immigration dans le dossier des demandeurs d’asile.
« La ministre a fini par accorder un CSQ à Osena Charles, le veuve, mais c’est vraiment à la suite de batailles à l’Assemblée nationale pour mettre en lumière l’absurdité que cette femme-là a vécue.» se réjouit, à moitié, la députée.
« Qu’est-ce qui arrive pour les autres? » se demande Paule Robitaille perplexe.
Elle dénonce aussi dans le dossier de la veuve de Marcelin François le fait que le CSQ ait été acheminé à une mauvaise adresse, que l’avocat de Mme a eu toutes les peines du monde à faire valoir les droits de la bénéficiaire.
Pour la députée, le programme n’avance pas assez rapidement par rapport au reste du Canada et «c’est honteux de la part de Québec.», fustige Mme Robitalle.

Âgé de 40 ans, père de trois jeunes enfants, M.François, originaire des Gonaïves (Haïti), travaillait, la semaine, dans le textile et le week-end comme préposé aux bénéficiaires. C’est au travail, en voulant aider les autres, qu’il a attrapé le virus qui lui a développé d’une embolie pulmonaire, ce qui l’a foudroyé.
En janvier dernier, la ministre de l’Immigration du Québec a été interpellée par la directrice de la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranche, au sujet de l’agrandissement du programme lors du Sommet socioéconomique des jeunes des communautés noires (SdesJ).
La réponse de Nadine Girault n’était pas claire. « On reste en contact là-dessus. », avait-elle tout simplement lâché.
Le fédéral n’attend que Québec
Ottawa espère toujours que Québec va reconsidérer «les critères d’éligibilité» du programme de régularisation des travailleurs essentiels même après l’annonce du début de celui-ci le 14 décembre dernier.
C’est ce que laissait entendre le ministre canadien de l’Immigration Marco Mendicino lors d’une entrevue à In Texto, réalisée en décembre 2020, au cours de laquelle il affirme que « sa préférence et son approche sont inclusives.»
« S’ils veulent reconsidérer les critères d’éligibilité, je suis toujours prêt. Ma préférence c’est de créer un programme inclusif.», indique le ministre qui se dit par ailleurs bien au fait «des inquiétudes de la communauté haïtienne» en ce sens.
Interrogé sur le fait que le fédéral aurait pu élargir le programme sans l’aval de Québec, car il en a le pouvoir, Marco Mendicino évoque l’Accord Canada-Québec, en matière d’immigration, pour expliquer le fait qu’Ottawa n’ait pas décidé d’y aller seul.
« Il faut collaborer avec Québec notamment dans le cadre de l’Accord qui touche l’enjeux des demandeurs d’asile, dit-il, nous voulons respecter la juridiction de la province en cette matière.»-M Mendiccino
« Mais, moi je garde la porte grande ouverte, répète le titulaire de l’Immigration canadienne, si le Québec veut reconsidérer la situation nous sommes toujours prêts à avancer.», vers un élargissement du programme.
Les demandes de résidence permanente dans le cadre de ce programme restreint, en raison de l’opposition du gouvernement de François Legault à l’élargir vers tous les travailleurs essentiels, seront acceptées du 14 décembre au 31 août 2021.
Et le demandeur principal peut indiquer les membres de sa famille au Canada dans sa demande, précise un communiqué commun.