Racisme au Québec: le temps des «actions»
22 ans depuis que Québec sensibilise à travers une « Semaine d’actions contre le racisme», mais «au cours des derniers mois et des récentes semaines, nous avons été témoins de drames, de gestes et de propos racistes inacceptables » comme l’affaire Joyce Echaquan qui s’est répétée à Joliette, le scandale de Saint-Eustache, entre autres.
Cette année, les actions ou activités, au nombre de 45, prennent une tournure numérique avec une question : «Comment répondre au racisme à l’ère du numérique?»
« On ne change pas une société par décret. Cela prendra du temps», prévient Frantz Voltaire, le président de la Semaine d’actions, pour qui des «avancées ont été obtenues » au fil du temps, malgré tout.
« Il y a 50 ans, on ne serait pas en train d’en parler. Aujourd’hui, on a des voix multiples qui dénoncent des actes de discrimination.», fait remarquer l’historien F. Voltaire.
Autre élément qui constituerait des progrès serait la nomination, pour la première fois d’un ministre chargé de ces questions. Il y a un peu plus d’un mois François Legault a confié cette tâche à son ministre de l’Environnement, Benoit Charrette.
Pour le député de Deux-Montagnes, « comme action gouvernemental, il n’y a pas d’équivalent.», même s’il reste encore beaucoup à faire.
« On peut toujours espérer, qu’un jour, qu’elle ne soit plus nécessaire, cette Semaine-là, mais ce n’est pas toujours pas le cas. » concède le tout nouveau ministre de la lutte contre le racisme.
Le prix de la discrimination
« En 2021, le racisme au Québec, c’est tolérance zéro », lance le ministre dans un communiqué à l’occasion de la 22e Semaine d’actions contre le racisme dont le lancement a eu lieu, le 19 mars dernier, à l’Hôtel de ville de Montréal.
Et comme pour prouver que le gouvernement caquiste ne badine pas avec cette question, Benoit Charette rappelle qu’au moins « quatre personnes, de race blanche, ont déjà perdu leur emploi » à la suite de gestes et comportements racistes
« Je n’ai pas souvenir de congédiement, de manière sans équivoque, lorsque des gestes comme cela sont posés. », dit le député de la Coalition avenir Québec (CAQ).
De plus, le ministère de la lutte contre le racisme souligne que quelques unes des recommandations du rapport du Groupe de travail, « qui ne sera pas tabletté » ont récemment été mises en place, la première étant la nomination d’un ministre responsable.
- Un investissement de plus de 19 millions de dollars a été annoncé pour des mesures en vue d’améliorer l’accès à la justice pour une clientèle issue de communautés inuites et des Premières Nations.
- La mise en œuvre de la mesure Prêts pour la reconnaissance des titres de compétences étrangers, soit un investissement de 4 millions de dollars.
- Une dizaine de rencontres avec différents groupes ont déjà eu lieu dans le cadre du mandat donné au ministre
La mesure concernant la reconnaissance des diplômes viendra soutenir les personnes formées à l’étranger dans leurs démarches de reconnaissance de leurs qualifications au Québec. L’intégration de tous ces travailleurs et travailleuses et de leur expertise assurera une relance économique durable et inclusive.
Personnellement touché
Benoit Charrette dont la femme et les enfants sont Noirs assure travailler, du même coup, sur la question du racisme anti-noir. Il y a un peu plus de 20 ans, le couple a été victime de discrimination au logement. Leurs enfants, aujourd’hui, sont victimes de profilage racial.
M. Charette qui s’exprime en créole, ne rate jamais une occasion pour s’adresser directement aux Haïtiens dans leur langue.
La lutte contre le racisme est l’affaire de toutes et tous
Au-delà de l’action gouvernementale, la lutte contre le racisme est l’affaire de tous les Québécois et Québécoises plaide le ministre Charette.
Il voit la Semaine d’actions contre le racisme et pour l’égalité des chances comme d’un moment privilégié pour réfléchir, échanger, débattre et sensibiliser sur cet enjeu de société.
Le 21 mars figure également comme un moment particulier, puisque cette date a été décrétée, par l’Organisation des Nations Unies, comme la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.
Mais Benoit Charrette croit que des actions devraient se poser toute l’année, pas seulement un jour ou au cours d’une semaine.
« On va travailler à donner une portée plus grande au Mois de l’histoire des Noirs, la campagne devra s’échelonner sur l’année entière.»-dit-il
Il a dit
« Au cours des derniers mois et des récentes semaines, nous avons été témoins de drames, de gestes et de propos racistes inacceptables qui doivent être dénoncés haut et fort.» -B Charette
« S’il est tantôt subtil, tantôt direct, le racisme demeure toujours profondément offensant et dégradant, car il s’attaque à la dignité humaine. »
« Il est de notre responsabilité collective de ne pas le tolérer….Soyons conscients de la richesse que cette diversité nous apporte et célébrons-la comme il se doit. »