Repentigny/chicane: il gagne contre son voisin blanc
Ph: Jean Numa Goudou/ In Texto
Accusé par Frédéric Forget, son voisin blanc d’en face, d’avoir «troublé sa paix », Johnny Scutt a été acquitté, le 15 octobre dernier, par le juge Claude Lemire de la Cour municipale de Repentigny au terme d’un procès qui duré plus de deux heures.
Le juge Lemire a surtout déploré le manque de preuve dans le dossier déposé par la procureure de la Couronne, Me Lemay, qui appelait le magistrat à condamner l’accusé en invoquant le Code la sécurité routière et des troubles auditifs.
« Eu égard à l’ensemble de toute la preuve, après avoir considéré le contexte, l’heure, le temps, le lieu, les circonstances… objectivement parlant, je ne peux pas conclure que ce bruit-là, ces klaxons-là ont perturbé le voisinage », a-t-il prononcé dans jugement.
Les faits
L’histoire remonte au 30 mars dernier. M.Scutt qui a des conditions à respecter vis-à-vis de Frédéric Forget qui habite juste en face de chez lui, revient de sa journée de travail entre 16h30 et 17h.
Sur le chemin, il fait des emplettes pour ses enfants et appelle la plus âgée des trois pour lui dire que lorsqu’il sera dans l’entrée, il va klaxonner et qu’ils devraient venir l’aider à vider l’auto.
Il écoutait de la musique dans son auto. Une fois dans l’entrée, il avertit, les enfants, comme prévenu, par klaxons et ouvre sa portière. Quelques décibels sont partis de sa voiture, ce qui dérange Frédéric Forget en plus des klaxons selon son témoignage à la Cour.
M .Forget dit qu’il était dans son camion dans son entrée de stationnement également en train de fouiller dans ses paperasses et que ces bruits ont réveillé son fils qui dormait. Il est 5h de l’après-midi environ. Les Forget appellent la police pour se plaindre de bruit occasionné par leur voisin.
Plus tard en soirée, c’est au téléphone que le policier Joel Lapointe, qui n’est pas venu constater les faits, comme l’exige l’article 62 du Code de procédure, appelle les Scutt pour leur annoncer que leur ticket pour « bruit troublant la paix » allait arriver par la poste.
Le lendemain, 31 mars, il se présente chez eux pour leur apporter, personnellement, le document.
« On vit en société, la tolérance peut avoir cours.», a dit le juge Lemire avant d’ajouter que « chacun à ses façons de vivre ou d’avertir les gens.»
Le magistrat a conclu également que les coups de klaxons de M. Scutt ne contrevenaient pas au Code la sécurité routière.
« Le mensonge de M. Forget »
« Je me sens soulagé, je vais dormir un peu mieux.», a réagi, au sortir du tribunal, Johnny Scutt qui ne couche plus dans sa résidence à Repentigny depuis qu’une ordonnance d’un juge de Joliette l’en empêche pour «bris de conditions.», toujours dans le cadre de cette chicane qui dure depuis décembre 2019.
L’avocat de l’accusé est sorti soulager également. Me René St-Léger a qualifié de troublant ces événements.
« Je pense que même le juge est également troublé par tous les événements dont on a fait mention ici et le mensonge de M.Forget qui affirmait que le policier Joel Lapointe est venu chez lui le 30 mars à 9h40 alors qu’il était encore au téléphone avec lui à 22h05 en train de faire sa déposition.», a-t-il dit.
L’agent Lapointe, contrairement aux Forget, n’était pas venu témoigner le 15 octobre dernier. «On n’aurait pas terminé ce soir, s’il était là.», assure Me St-Léger.
Invité à commenter le travail de la police dans ce dossier, l’avocat s’en est gardé de le faire pour le moment.
Les Forget, en chicane de voisin avec les Scutt depuis décembre 2019, disent détenir un journal des évènements. Lors de son témoignage sous serment, Frédéric Forget avait les yeux rivés sur ses notes, ce qu’il n’avait pas le droit de faire en Cour. C’est l’avocat de M.Scutt qui s’en est objecté et le juge a tancé le témoin sur cet aspect.
« Ces gens-là disent détenir un journal. Mais malgré tout, ils n’ont pas été capables d’être précis.»-R.St-Léger.
Des Noirs gagnent contre la police
Le 17 septembre dernier, un mois et deux jours pour jour, la Cour municipale de Repentigny a libéré Modeste Hezu Kpowbie, un résident noir, de toute accusation de «possession d’arme blanche» déposée par la police.
Alors qu’il était dans un parc avec son fils et un des amis de ce dernier qui a laissé tomber un ouvre-lettre, M. Kpowbié a ramassé l’outil pour l’enfant. Des riverains blancs, autour du parc, placent l’appel à la police pour dénoncer un homme noir avec un « couteau » dans un espace public.
Trois policiers sont arrivés, en trombe, pour le maitriser: «Placage au sol, genou sur la colonne vertébrale, menottes au poignet» et après plus de 30 minutes dans l’auto patrouille, il s’est vu trainer en justice.
Le juge de la Cour municipale l’a lavé de toute accusation un an plus tard grâce à des preuves vidéo de ce qui s’est réellement passé et que «les policiers ont tenté de supprimer» selon l’accusé.
« Je suis soulagé, mais il y a encore beaucoup de frustrations en moi.» dit Modeste Hezu qui s’attend à ce que la police lui fasse son mea-culpa aujourd’hui.
« J’espère que la cheffe de la police aura le courage de me présenter des excuses. »-M.H. Kpowbié.
Autre tentative policière d’effacer des preuves
Comme dans le cas de M.Kpowbié, des policiers de la Ville de Repentigny ont effacé, en 2017, des preuves de leur intervention injustifiée auprès de Leslie Blot, un autre citoyen noir de Repentigny d’origine haïtienne.
Alors qu’il gonflait des ballons pour enfants à partir de la batterie de son véhicule garé devant chez lui avec son frère, deux policiers les ont apostrophés :
« Qu’est-ce que vous faites ici, vous autres? On ne vous a jamais vu dans le coin.», leur demandent les agents.
Leslie Blot ne répond pas. Les policiers reviennent à la charge en lui demandant de s’identifier, ce qu’il refuse de faire. Lorsque M. Blot leur demande la raison de leur intervention auprès de lui, la patrouille argue qu’il est en contrôle d’un véhicule «sur la route».
La voiture était garée au bord de la rue et M. Blot n’était pas au volant, ni même à l’intérieur.
En bout de ligne, la patrouille administre plusieurs tickets (pour plus de 1000 dollars) à M. Blot pour «blasphème, refus de s’identifier, pas de papiers de véhicule et d’assurance», et cetera.
« Pourtant, ils ne m’ont jamais demandé les papiers de l’auto.», affirme, en entrevue à In Texto, le résident de Repentigny. Son frère qui filmait la scène a été agressé par les policiers.
« Ils ont arraché le téléphone entre les mains de mon frère pour supprimer les vidéos. »-L.Blot
Mais, les fichiers étaient encore dans la corbeille du téléphone, ce à quoi ils n’ont pas pensé. Leslie Blot a été voir un informaticien pour ressortir les preuves. Lorsque son avocat faisait valoir ces éléments lors des audiences préliminaires, la Couronne, la Ville ont repoussé la date du jugement au moins trois fois.
Leslie Blot, avec l’aide du Centre de recherche action sur les relations raciales, avait porté plainte par devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).
Il y a un peu plus d’un mois que la Commission l’a appelé au téléphone, dit-il, pour l’informer que l’enquête sur cas de profilage racial est terminée.
Il s’attend à ce que la CDPDJ aille en cours avec cela.
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6 Comments on “Repentigny/chicane: il gagne contre son voisin blanc”
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Les policiers de Repentigny et certains citoyens sont très racistes pour ne pas dire xénophobes . Un après midi d’été, j’allais dans une église à Répentigny , trois personnes de plus de 70 ans m’accompagnaient quand soudain, une voiture de police qui circulait en sens inverse avec deux agents à bord , le chauffeur a décidé de faire une demi tour pour enfin m’intercepter parce que je roulais en Mercedez. Vous savez qu’ est ce qu’il m’a dit : » je croyais que vous étiez plus jeune « . À Repentigny, pour la police , les jeunes n’ont pas le droit de conduire une voiture de haute gamme peu importe leur niveau d’études. Ils ont tendance à comparer leur niveau très bas d »une étude à Nicolet après un secondaire 5. C’est normal, ils n’ont pas de niveau intellectuel autre que de manier une arme. Voilà pourquoi, qu’ils ont toujours la main sur la gâchette. La communauté noire de Repentigny doit s’unir pour dénoncer avec force la xenophobie. Les jeunes sont nés dans le pays ayant le même droit et le privilège que n’importe quel Indien .
C’est mon point de vue !
Congratulations 👏, You did a great job brother. Keep-up the good work.
Il faut que ça change le Canada n’est pas un pays raciste. Intexto.ca bon travail continue a être transparent et a portée la vérité sur ses dossiers.
Moi tout les soirs ou presque en revenant du travail Si une voiture de police voyait un noir a 02:00 am et même si ils étais l autre côté Du terre-plein à coup sure il faisait un demi tour au point j ai fini à voir peur de rencontrer un char de police comme si j étais un voleur donc j ai été porté plainte à leurs patron au poste de repentigny j ai la paix mais quand je vois une voiture de police j ai toujours peur qu il me vole pour rien surtout le soir ils sont comme de bandits croyais moi
Il ne faut pas porter plainte auprès dans le poste de police.
Il faut porter plainte à la commission des droits de la personne ou / et à la déontologie policière.
Que des mensonges de la part d’un journaliste qui se sait CLAIREMENT pas faire son métier correctement et qui ne cherche qu’à obtenir des mentions J’AIME sous son article répugnant. En fait, si certaines personnes se posent la question… ce monsieur Scutt ainsi que sa chère femme embarquent leurs enfants dans leurs chicanes avec TOUT le voisinage… OUI! TOUT le voisinage. Je ne vois pas pourquoi l’avocat devrait être fier de renvoyer un homme agressant et violant dans un quartier dans lequel tout le monde veut l’éviter. De la pure et simple merde.