Repentigny: des élèves «séquestrés» à JBM
« Elle les a séquestrés. Pour moi c’était une séquestration », affirme sans détour Carline (nom fictif), mère d’une de cette quinzaine d’enfants, gardés contre leur gré à l’école secondaire Jean-Baptiste Meilleur de Repentigny lors d’une fête à laquelle ils étaient invités le jour d’Halloween.
Une surveillante de garde au moment de la fête a signalé à ces élèves, qui ne fréquentent pas JBM, qu’ils n’étaient pas les bienvenus et les ados avaient tous alors pris la décision de quitter l’enceinte de l’établissement quand la directrice, Huguette Guilbault, s’y est opposée.
Selon le témoignage de plusieurs parents, rencontrés par In Texto, les jeunes Noirs et Arabes ont été séparés des Blancs et ces derniers étaient libres de circuler dans l’école. Et Mme Guilbault décide d’enfermer à clé les Noirs et les Arabes dans son bureau, ce que la Commission scolaire n’a pas nié, pendant qu’elle appelle la police pour se plaindre de la présence «d’intrus » dans ses locaux.
« On nous a demandé d’intervenir parce qu’il y avait des intrus à l’école », confirme Jean-François Fortier, l’agent de liaison avec les communautés, un des policiers qui étaient sur place.
Une fois sur les lieux, Mme Guilbault exige aux policiers qu’ils administrent des tickets pour « flânage » aux jeunes, ce que les patrouilles n’ont pas fait à la fin de l’événement qui est resté sans suite au niveau de la police.
Toutefois, les agents ont dû appeler les parents de chacun de ces élèves pour les signaler et s’assurer qu’ils avaient donné leurs bonnes identités.
« Pourquoi empêcher les gens de circuler? On n’est pas dans une prison ici » », s’exclame Carline qui prépare actuellement une plainte contre JBM avec le soutien du Centre de Recherche action sur les relations raciales (CRARR)
« Ma fille a peur. Les élèves ont peur au point qu’ils évitent d’en parler. Les parents ont peur aussi. Mais, moi je n’ai pas l’intention de déménager pour eux »-Carline
Une loi? Un Règlement?
La Commission scolaire des affluents (CSA) qui n’a pas voulu répondre par courriel à nos questions et qui n’a pas daigné non plus faire une entrevue enregistrée parle d’un « événement banal » lors dune conversation téléphonique avec le journal.
Catherine Léveillée, une des porte-parole, évoque des « raisons de sécurité » à l’origine de l’appel au 911 pour des élèves ne fréquentant pas l’école. « Les élèves étaient déguisés », dit-elle. On rappelle tout de même que c’était jour d’Halloween.
Ni le Service de police de la Ville de Repentigny SPVR), ni la CSA n’était en mesure d’évoquer une loi ou un règlement qui interdirait à des jeunes « invités par leurs amis» à participer à une fête tenue dans un autre établissement.
« Ben là… c’est une question de bon jugement », lâche en bout de ligne Mme Léveillée au journal qui insistait à savoir si cette intervention avait un minimum de base légale ou règlementaire.
À défaut d’évoquer une loi ou un Règlement qui interdirait que des élèves ne fréquentant pas un établissement scolaire d’y être, la police de Repentigny brandit, de son côté, deux fusillades produites dans des écoles à Montréal (Dawson Et Polytechnique) et qui pourraient justifier cette intervention, selon elle..
- La fusillade au Collège Dawson a eu lieu 13 septembre 2006. Elle a fait deux morts, dont le tireur, qui s’est tiré une balle dans la tête après avoir été atteint par les policiers. On dénombrait aussi une vingtaine de blessés.
- Alors que la tuerie de l’École polytechnique a eu lieu le 6 décembre 1989. Le tireurMarc Lépine (né Gamil Gharbi), âgé de vingt-cinq ans, a ouvert le feu sur vingt-huit personnes, tuant quatorze femmes et blessant quatorze autres personnes (10 femmes et 4 hommes), avant de se suicider.
« Avec tout ce qui est arrivé dans les écoles, on ne connait pas ces gens-là. Si ce ne sont pas élèves de l’école, ils n’ont pas à être là, même s’il y avait une invitation », déclare l’agent Jean-François Fortier en entrevue à In Texto en présence de ses supérieurs et une responsable des communications de la police de Repentigny.
« Stigmatisation »
Amel Haroud, une ancienne coordonatrice pendant plus dix ans de SAFIMA, Service d’aide à la famille immigrante de la MRC L’Assomption, parle de « stigmatisation » pure et simple des communautés culturelles dans la région de Lanaudière.
Elle a dit
« On continue à pointer les enfants, on oublie qu’ils sont nés ici, qu’ils parlent québécois. Mais l’école les stigmatise »- A.Haroud
« Dans les interventions, de la secrétaire jusqu’à la direction, il y a beaucoup à faire. Il y a encore une absence de politique interculturelle »- A Haroud
« Si on ne fait rien, on va se retrouver avec des ghettos comme en France »-A.Haroud
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2 Comments on “Repentigny: des élèves «séquestrés» à JBM”
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Je vois ici un cas classique d’incompréhension culturelle.
J’ai fréquenté l’école JBM durant mon secondaire dans les années 90. À l’époque, la très grande majorité des élèves étaient blancs. Lorsqu’il y avait des fêtes, les élèves des autres écoles n’étaient pas autorisé à participer et si une situation de la sorte se serait passé, je suis certains que les personnes responsables sur place aurait agit de la même façon peu importe la couleur de peau.
Il faut faire attention de ne pas tout tourner au drame racial non plus pour éviter d’antagoniser les cultures. On parle ici d’adolescents. Gérer des groupes d’adolescents de nos jours, c’est très complexe surtout qu’ils sont en âge de confrontation avec l’autorité. Mieux vaut avoir agit ainsi en demandant l’intervention de la police que d’avoir laissé faire et de prendre la chance que ça dégénère.
Là où je suis en accord avec votre article, c’est qu’il me semble essentiel d’avoir un lieu de discussion interculturelle pour créer un compréhension commune des façons de faire, de ce qui est conforme et de ce qui ne l’est pas pour éviter les conflits inutiles.
En tant que d’origine haitienne, un peuple noir: » Je crois noir ; sur blanc, que ce qu’à faire cette directrice est le resultat, de sa mentalité raciste.Sachant que, la sequestration dans tout pays, au regard de loi, constitue une infraction penale.Qu’elle soit subie , toutes les peines qui en decoulent.