Repentigny: la police veut s’approcher des communautés
Pour la première fois, la police de Repentigny reconnait qu’il se peut que certains de ses policiers «aient commis des fautes» en matière de profilage racial sur le territoire et promet de les traduire en justice «le cas échéant.»
Helen Dion, la chefe du Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR), se dit extrêmement sensible à la question pour avoir été elle-même en proie à de la discrimination liée au genre au moment de devenir, en 2011, la seule et première femme à diriger un corps de police au Québec.
«Est-ce que c’est parfait par rapport à ce qu’on attend de nos policiers?…. Ce sont des humains… il se peut que certains de mes policiers aient commis des fautes, et le cas échéant, ils seront traduits », promet Mme Dion lors d’une entrevue en marge de plusieurs annonces faites mercredi soir dans le cadre d’un Plan de rapprochement avec les communautés culturelles à Repentigny.
Confiance et respect
Il s’agit d’une démarche qui vise, dans un premier temps, à développer des compétences interculturelles et à encadrer l’intervention policière. Le SPVR se fixe un deuxième défi qui vise à gagner la confiance et le respect de communautés culturelles, sérieusement effritées actuellement.
Et enfin, la police de Repentigny veut dorénavant accorder des «services exemplaire et exempts de discrimination et appliquer une tolérance zéro pour toute forme de profilage.» Un Plan soutenu à bout de bras par la mairesse Chantal Deschamps.
Écoutez Helen Dion
«Oui, pour nous, le racisme existe», affirme Pierre-Richard Thomas de Lakay Média, un organisme de Repentigny qui représentait les communautés haïtienne et afro-descendante, lors de l’annonce.
«Dans la communauté noire on le vit à chaque jour. Le profilage existe. Cependant, nous allons travailler ensemble pour le combattre et l’éliminer »-Pierre-Richard Thomas, Lakay Média
Depuis 2011, le commissaire à la déontologie policière a reçu une dizaine de plaintes pour profilage racial à Repentigny. Huit d’entre elles ont été réglées dans le cadre de conciliation.
Deux autres sont sous enquête actuellement dont celle du jeune Stanley Jossirain, 22 ans, qui a reçu pour 1500 $ de contraventions en moins de six mois et a subi du harcèlement, des arrestations abusives de la part de quelques policiers.
« Maintenant, ceci est sous enquête du commissaire. Et on verra s’il y a des conclusions en matière de profilage, ou non, dans son cas. Et, une fois ceci établi, on va prendre les actions de sanctionner les policiers qui auront, le cas échéant, commis du profilage»-Helen Dion, chefe du SPVR.
La responsable de police promet, par ailleurs de tout faire afin d’améliorer l’offre de service et de faire en sorte qu’il y ait moins de cas de profilage sur son territoire. « J’en suis convaincue », dit-elle.
« Mais de part et d’autre, cela va s’appeler de la tolérance et de la compréhension », prévient Helen Dion. Pour elle, dans beaucoup de cas, il s’agirait plutôt d’un problème de courant qui ne passe pas entre certains citoyens et les policiers.
Policier relais
Voilà pourquoi le SPVR vient de nommer Jean François Fortier, un policier dédié à temps aux communautés culturelles, afin de l’aider à mieux comprendre les enjeux de l’heure et toute la friction qu’il y a dans l’air.
L’agent Fortier est un ancien ambulancier qui a travaillé durant une quinzaine d’années à Montréal, Laval et en Abitibi avant de faire le saut dans la police.
Il a la facilité avec les communautés culturelles pour avoir traité que ce soit avec des Amérindiens, des Haïtiens et autres immigrants lors des émeutes enregistrés à Montréal-Nord, en 2008, à la suite de la mort de Fredy Villanueva.
« Je vais commencer par rencontrer les gens afin de me faire une idée de la situation et d’ici quelques mois, je devrais pouvoir me prononcer», indique en entrevue l’agent Fortier.