Repentigny/mort de J-R-J Olivier: «Est-ce parce qu’il était Noir?» - Intexto, jounal nou
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« Un an plus tard, je suis encore dans le néant en ce qui concerne l’enquête. Je me demande toujours pourquoi ils l’ont tué? Est-ce parce qu’il était Noir? » se demande Mireille Bence, la mère de Jean René Jr Olivier, tué de trois balles à la poitrine par la police de Repentigny.
Ce matin du 1er août 2021, c’est sa mère qui a appelé la police pour lui venir en aide parce qu’il avait un couteau de cuisine en main et qu’il représentait une menace pour lui-même.
« Je m’en veux et je m’en voudrais toujours d’avoir appelé. » lance Mme Bence lors d’un sit-in devant la mairie de Repentigny ou quelques dizaines de personnes sont venues dénoncer ce qui s’est passé et crier « justice pour Jean René Jr Olivier ».
Pourtant depuis mai dernier, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a bouclé son enquête sur cet événement et a remis son rapport à la Direction des poursuite criminelle et pénale (DPCP). Les enquêteurs ont même informé Mme Bence de la fin de leur enquête, sans plus.
Mme Bence contenait difficilement ses larmes lors de son intervention devant l’Hôtel de Ville.
« Si je pleure encore c’est parce que je cherche encore dans ma tête une raison pour laquelle ils l’ont tué alors qu’il représentait une menace pour lui-même et non pour les autres. »
Elle égrenait des statistiques qui démontrent que les jeunes noirs sont traités de façon différente par la police. Mireille Bence croit que les parents blancs qui appellent pour de l’aide la reçoivent tandis que pour les Noirs qui sollicitent de l’aide pour leurs enfants, ça finit par une arrestation ou la mort de l’enfant en crise.
« Alors pourquoi tant de profilage racial? » se demande la mère éplorée qui interpelle Nicolas Dufour, l’actuel maire de Repentigny.
« M. le maire, lors de la campagne électorale vous avez fait la promesse de changer les choses un an après la mort de mon fils qu’est-ce que vous avez fait pour que la mort de Junior ne soit pas un biais? »
Trois membres du Services de communication de la Ville observaient et écoutaient attentivement l’intervention de Mme Bence. In Texto les a abordés pour une réaction. « Pas aujourd’hui » nous a répondu Marie Angeline Descadres, conseillère stratégique en innovation sociale à la Direction générale.
Sous tutelle
Alain Babineau de la Coalition rouge, un organisme qui travaille de concert avec Lakay dans la défense des victimes de profilage, appelle de son côté le gouvernement du Québec à mettre sous tutelle le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) afin de « nettoyer la cabane ».
Il propose qu’on renvoie l’ensemble des policiers et qu’on réembauche sur la base de nouveaux critères.
« Ce n’est pas compliqué à faire, dit-il, il n’y a que 100 policiers au SPVR on n’a qu’à confier le service à la Sûreté du Québec pendant le nettoyage. »
Il souligne qu’au New Jersey (USA), on avait fait la même chose, ce qui avait réglé le problème. M. Babineau, un ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) compare la situation du racisme et du profilage à Repentigny au Sud des États-Unis, « mais dans les années 50».
« En cette journée d’émancipation émancipons nous », lance le dirigeant de la Coalition rouge dans une allusion au 1er août, consacré par le gouvernement du Canada comme Jour de l’émancipation de l’esclavage.
« Nous vivons encore les conséquences de l’esclavage, le profilage racial, la discrimination envers les autochtones sont des traces que nous ont léguées l’esclavage. », souligne pour sa part Pierre-Richard Thomas, directeur de Lakay.
«Bay kou bliyé poté mak sonjé» ( Les cicatrices nous rappellent toujours ce qui s’est passé) , ajout M. Thomas.
« Déclaration » du premier ministre Justin Trudeau à l’occasion du Jour de l’émancipation
« Aujourd’hui, à l’occasion du Jour de l’émancipation, nous soulignons la douloureuse histoire de l’esclavage au Canada et célébrons la force et la détermination des communautés noires, qui ont milité – et continuent de militer aujourd’hui – en faveur de la liberté, de la justice et de l’égalité.
« Désigné officiellement l’an dernier à l’unanimité par la Chambre des communes, le Jour de l’émancipation est souligné le jour où l’esclavage a été aboli dans l’Empire britannique en 1834. Cette journée historique a ouvert la voie à la libération de plus de 800 000 esclaves d’origine africaine et de leurs descendants au Canada, dans certaines régions des Caraïbes, en Afrique et en Amérique du Sud. Depuis lors, le 1 août est commémoré dans de nombreuses régions du monde, notamment dans le cadre de célébrations de la liberté organisées partout au Canada.
« Malgré l’abolition de l’esclavage il y a près de deux siècles, ses effets perdurent de nos jours. L’héritage du racisme systémique envers les communautés noires reste ancré dans notre société, y compris dans nos institutions. C’est pourquoi, en ce Jour de l’émancipation, nous rendons hommage aux innombrables acteurs du changement qui n’ont ménagé aucun effort pour que tous les membres des communautés noires du Canada puissent participer pleinement à la société. Grâce à leur persévérance et à leur volonté, nous avons réalisé de véritables progrès vers la création d’un avenir meilleur pour tous.
« Dans le cadre de la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme, le gouvernement continue d’aborder toutes les formes de discrimination à caractère racial au Canada, y compris le racisme envers les Noirs et les inégalités systémiques, tout en favorisant l’établissement de lois, de politiques, de programmes et de services plus efficaces qui profitent à tous les Canadiens.
« Nous avons également fait d’importants progrès dans la mise en place d’un nouveau plan d’action pangouvernemental pour améliorer le bien-être des communautés noires. Cela comprend notre engagement à mettre en œuvre une stratégie judiciaire pour les Noirs visant à remédier aux inégalités présentes dans le système de justice pénale et nos efforts continus pour éliminer la haine envers les Noirs et le racisme systémique sous toutes ses formes.»- Justin Trudeau
Notre démarche est alignée sur les thèmes de reconnaissance, de justice et de développement de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies, que le Canada a reconnue en 2018.
« Aujourd’hui, nous célébrons aussi les nombreuses réalisations et contributions que les personnes noires du Canada ont faites – et continuent de faire – dans notre société ainsi que le rôle important qu’elles jouent pour renforcer notre pays.
« En ce Jour de l’émancipation, j’invite tous les Canadiens à en apprendre davantage sur l’histoire de l’esclavage et de la ségrégation au Canada ainsi que sur ses effets à long terme, que les membres des communautés noires ressentent encore aujourd’hui. Nous devons reconnaître les vérités du passé et renouveler chaque jour notre engagement à combattre la haine envers les Noirs et le racisme systémique afin de bâtir un pays meilleur et plus inclusif, pour tous. »