Repentigny:la police traiterait les jeunes noirs différemment
Après avoir reçu des amendes totalisant près de 12 000 dollars pour avoir joué au Parc de la Seigneurie ( Le Gardeur), sans la permission des autorités en période pandémie, une dizaine de jeunes noirs de Repentigny, âgés entre 16 et 21 ans, dénoncent une « politique de deux poids deux mesures » dans l’application de la loi par le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) vis-à-vis des jeunes blancs du secteur.
L’histoire remonte au 22 mai dernier. Une vingtaine de jeunes, en majorité des Haïtiens, jouaient au basket afin de se dégourdir les jambes après plus de deux mois coincés à la maison en raison de la Loi sur la santé publique qui confinait tout le monde, lorsque la police débarque à la suite d’appels de riverains autour du parc.
Trois jours avant, soit le 19 mai, le gouvernement prenait un décret sur le déconfinement qui autorisait des rassemblements de maximum 10 personnes, mais pas pour les sports d’équipe.
« On n’avait pas très bien compris, indique Nathan, 21 ans, ce qu’on a mentionné aux huit policiers qui nous entouraient. Et on leur demandait s’il pouvait nous coller seulement un avertissement, ce qu’ils ont refusé de faire.»
Les agents leur affirment, que depuis deux mois, ils les mettaient en garde et que les billets allaient tomber maintenant. Deux d’entre eux, mineurs, ont reçu chacun des contraventions de 560 dollars tandis que les adultes ont écopé de 1546 dollars et 35 sous. Deux parmi eux ont reçu leur contraventions par la poste, parce qu’ils ont eu le temps de quitter.
Contactés par In Texto, Carley, Nathan, Pierre Augusma, Ted, Jonathan jurent n’avoir jamais reçu d’avertissement à ce sujet avant l’événement du 22 mai.
Tous les tickets ont été contestés par les jeunes ou à défaut les parents de ceux qui sont mineurs. C’est le cas de Sean Gabriel Alcide, 16 ans, et qui a eu 560 dollars à payer à la Ville.
« Deux poids, deux mesures »
Un terrain de tennis, attenant à celui de basket ou les Noirs jouaient, fourmillait de jeunes blancs «presque tout de suite après ». Pierre-Augusma qui venait de se faire amender, loge un appel aux 911 pour dénoncer cela.
La police met une quarantaine de minutes à arriver, se souvient-il. Et la patrouille n’a fait que discuter avec les jeunes blancs pour les avertir sans leur coller de billet.
Sur cette vidéo on peut voir et entendre un des jeunes blancs confirmer les faits.
« Sur le moment, on avait tous la rage, pas seulement parce que le montant est élévé, mais c’est plus une question de profilage. Car, même un ticket de 5 dollars ils n’ont pas donné aux Blancs.»,
souligne Nathan qui rencontrait la presse dimanche au parc de la Seigneurie.
10 appels de citoyens pour dénoncer des noirs
La police de Repentigny affirme avoir reçu, de la part de citoyens, une dizaine d’appels au cours de la période au sujet d’attroupements de jeunes sur ce parc. Au total, une quarantaine de contraventions ont plu sur des jeunes.
Et, Lison Ostiguy, responsable adjointe du SPVR note que « des jeunes blancs en ont reçus » également. Au total, 33 tickets ont été livrés à des jeunes blancs et neuf au Noirs selon les données fournies par Lison Ostiguy, cheffe adjointe a.i au SPVR au journal.
Appuyés par le Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR) et l’organisme Lakay média, Ils projettent de prendre tous les recours qui s’offrent à eux (plaintes en déontologie, aux droits de la personne entre autres)
Alain Babineau, le conseiller du CRARR, déplore le fait que les policiers aient utilisé leur pouvoir discrétionnaire en faveur des jeunes blancs. « On conteste la façon dont l’application de la loi a été faite d’une façon discriminatoire,», déplore l’ancien policier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Il appelle par ailleurs à une reprise du dialogue entre la police de Repentigny et la communauté noire, mis sous la glace depuis la pandémie.
« On veut rouvrir les discussion avec Helen Dion, la cheffe de police, mais le CRARR va assister le groupe de jeunes afin de voir tous les recours qui s’offrent à nous »