Sergent-Detective Edouard Anglade: “Je me souviens”!
En plein Mois de l’histoire de Noirs, la question du profilage racial à Montréal explose de nouveau! Bien sûr, les stéréotypes raciaux deviennent une préoccupation avec des implications oppressives, lorsque la police agit selon ses vues stéréotypées des personnes racialisées.
Selon un responsable du SPVM en 2010, bien que les gangs de rue commettent un petit pourcentage de crimes dans la ville, ces crimes attirent l’attention des médias entre 60 à 70%. Au fil du temps, ces stéréotypes négatifs contre les citoyens noirs ont imprégné la psyché de la majorité de la population. Dix ans plus tard, ça existe toujours!
Cette année pour le Mois de l’histoire des Noirs, je veux rendre hommage à Édouard Anglade qui, en 1974, est devenu le 1er policier noir à Montréal et au Québec.
Durant toute sa carrière, le Sergent-détective, Anglade a lutté contre le racisme, les préjugés et le fanatisme de certains de ses collègues qui, certains, occupaient des postes supérieurs.
A l’époque, plusieurs ont même refusé de travailler avec lui, un homme noir. En 1995 Anglade publie son autobiographie intitulée : Nom de code Mao-Le voyage du premier policier haïtien à Montréal. Le livre détaille les expériences d’Édouard avec entre autres son travail dans la communauté noire de Montréal, et le harcèlement racial auquel il a été confronté de la part de certains de ses collègues policiers blancs.
En 1988, Édouard poursuit le SPVM pour harcèlement racial au travail et gagne sa cause. Une première victoire du genre au Canada !
J’ai rencontré Édouard au début des années 2000, alors que j’étais en poste à Montréal dans la section du recrutement de la GRC pour la province de Québec. Un jour, à l’improviste, il m’a appelé dans mon bureau et m’a dit qu’il avait entendu parler de moi et qu’il voulait venir me rencontrer.
Dans les services policiers, « le code de silence » et la peur de représailles ont souvent forcé les policiers racisés à rester muets quant aux conditions parfois très difficiles qu’elles vivent au travail à cause de leur couleur de peau.
En 2006, le film Tolérance Zéro de l’Office national du film du Canada pose la question à savoir : comment se fait-il que malgré les études, les réformes, la police de quartier, l’égalité à l’emploi, le partenariat, l’embauche de civils spécialistes… les relations entre policiers et groupes minoritaires restent si mauvaises?
Et que non seulement, répressions abusives et ciblages ethniques existent et perdurent, mais ils se multiplient? Dans ce film, Édouard Anglade, Florence Darius, Robert Milord et Jean-Ernest Célestin expliquent leur défi à l’intérieur de ce contexte comme policiers-Ière noirs au sein du SPVM.
Plus le temps passe plus ça reste pareil au SPVM.
L’été dernier, j’ai apporté mon soutien au groupe de 9 policiers noir du SPVM pour dénoncer le manque d’écoute de la Fraternité des policiers du SPVM envers leurs policiers noirs et racisés. Les policiers noirs demandaient aussi à la Fraternité de se pencher sur la problématique du racisme systémique, et « d’écouter » la minorité racisée de ses membres.
Les policiers dénonçaient les pratiques systémiques au SPVM qui perpétuent la problématique, tel: la persistance de l’utilisation du terme « Gang de rue » qui stigmatise la population noire tout entière, l’embauche de cadets des régions éloignées de Montréal qui n’ont aucune expérience de vivre dans une ville multi ethnique et linguistique et le fait que le ¾ des policiers du SPVM vivent à l’extérieur de Montréal et n’ont aucune implication dans les communautés qu’ils desservent.
Au SPVM, en 2006 lors du film Tolérance Zéro, les policiers issus des communautés racisées représentaient environ 2% alors qu’aujourd’hui ils ne sont que 8%! Ce que dénonce le groupe des 9 du SPVM existe donc dans cette organisation depuis des décennies!
En reconnaissance de son travail exceptionnel au sein de la police de Montréal au cours de plus de 30 ans, le Sgt. Détective Anglade a reçu le Prix du Gouverneur général pour services distingués en 1995 et de nouveau en 2004.
Il a également reçu un certificat de reconnaissance de la police de Montréal pour sa bonne conduite tout au long de sa carrière. En 2008 un groupe de policiers honora Édouard Anglade avec le dévoilement d’un cadre en sa mémoire.
Ce cadre qui fut exposé avec ceux d’autres gens qui avaient marqué le SPVM a disparu l’été dernier suite à la mort de Georges Floyd ! Une représailles contre les policiers noirs ?
Je crois que le stress qu’Édouard Anglade a éprouvé pendant ces années à combattre les systèmes internes du SPVM, a su contribuer à son départ très précoce de ce monde.
J’aurais aimé pouvoir mieux le connaître. Selon moi, Édouard Anglade était un véritable héros de la lutte contre le racisme et la discrimination au sein des forces de l’ordre, et ses retombées dans notre communauté noire.
Alain Babineau est un défenseur Noir des forces de l’ordre et de la justice sociale. Il est sergent d’état-major à la retraite de la GRC et diplômé de la faculté de droit de l’Université McGill.
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3 Comments on “Sergent-Detective Edouard Anglade: “Je me souviens”!”
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Affaire Camara « Une enquête qui n’est pas transparente… »
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-02-09/affaire-camara/une-enquete-qui-n-est-pas-transparente.php
Combien de policiers (blancs) ont été punis pour des meurtres ou tentatives de meurtre de la POLICE DES BALNCS « CHEZ EUX » sur des minorités racisées entre 2003 et 2007 ? Entre 2007 et 2011 ? Entre 2011 et 2020 ?
La Police des blancs, la DPCP, et la Fraternité des policiers (blancs) n`ont-elles pas toujours eu le dernier mot ? Et le DÉNI SYSTÉMIQUE ?
https://www.lapresse.ca/actualites/2021-02-09/affaire-camara/une-enquete-qui-n-est-pas-transparente.php
Si j`étais à la place de Mamadi Fara Camara, avec je que j`ai lu sur cet article, JE REFUSERAI D`Y PARTICIPER au nom de tous les morts et de tous ceux qui ont souffert du DÉNI SYSTÉMIQUE dans l`IMPUNITÉ LA PLUS TOTALE.
https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-05-23/commission-d-enquete-que-voulez-vous-vraiment-savoir
Commission d’enquête : que voulez-vous vraiment savoir ?
https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-05-23/commission-d-enquete-que-voulez-vous-vraiment-savoir
Avant que vous répondiez, on vous propose un quiz.
Vous réclamez une consultation quelconque, une politique, un plan d’action, un groupe de travail ou une commission d’enquête ? Alors, commencez par énumérer ce qui a déjà été fait. Utilisez Google si nécessaire. Et n’essayez pas de compter sur vos doigts, car vous n’en avez pas assez.
En voici une liste non exhaustive :
– Commission Clair sur les services de santé et les services sociaux (2001)
– Chez soi, le premier choix – la politique de soutien à domicile (2004)
– Groupe de travail sur le financement de la santé (2008)
– Commission sur les conditions de vie des aînés (2008)
– Politique Vieillir et vivre ensemble (2012)
– Livre blanc et commission parlementaire sur l’assurance autonomie (2013)
– Commission parlementaire sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d’hébergement et de soins de longue durée (2016)
– Commission parlementaire sur le projet de loi visant à lutter contre la maltraitance des aînés (2017) – Politique Vieillir et vivre ensemble (2018)
– Plan d’action Un Québec pour tous les âges (2018)
– Plan d’action pour l’attraction et la fidélisation des préposés aux bénéficiaires (2019)
– Commission parlementaire sur le projet de loi visant à renforcer le régime d’examen des plaintes du réseau de la santé et des services sociaux (2020)
https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-05-23/commission-d-enquete-que-voulez-vous-vraiment-savoir
Une enquête ne suffira pas à stopper le COMPORTEMENT ANIMAL de la Police des blancs au Québec au Canada sur les autochtones, les noirs, les arabes, les minorités racisées, etc.
Finalement, Mamadi Camara réfute même avoir utilisé son cellulaire au volant, la violation du Code de la route alléguée qui est devenue l’élément déclencheur de toute l’affaire. « Je peux vous assurer que je n’étais pas au téléphone », a-t-il dit, ému.
https://www.ledevoir.com/societe/595247/mamadi-camara-devoile-sa-version-des-faits#
Le mot en « s » pour systémique
https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-02-20/le-mot-en-s-pour-systemique.php
Autrement dit, le fait que Mamadou soit obligé de se rabattre sur un job alimentaire peu payant parce qu’il est discriminé à l’emploi malgré sa haute diplomation a des conséquences beaucoup plus larges qu’on le pense. En cause, cette exclusion déterminera le type d’appartement qu’il peut s’offrir, le quartier qu’il peut habiter, la qualité de l’école que ces enfants vont fréquenter, les fréquentations que ces jeunes vont avoir à l’adolescence, etc. Alors, si 20 ans plus tard, les enfants de Mamadou tirent de l’arrière, il est trop injuste de vouloir expliquer de façon rationaliste leur situation en disant simplement qu’ils ne sont pas travaillants. Seule une approche systémique de la question permet de mieux comprendre. Dans le fond, c’est juste ça, la patente ! LAPRESSE.CA.