SPVM: une autre arrestation par erreur
Motivée par l’affaire Camara, Natacha Élie, 19 ans, décide de parler publiquement de sa mésaventure avec la police de Montréal environ 5 mois après avoir été arrêtée, menottée et laissée seule en pleine nuit par une patrouille sous prétexte qu’elle portait une arme à feu.
L’incident s’est produit le 14 septembre 2020 alors que cette jeune fille d’origine haïtienne, rentrait chez elle vers 22h à la suite d’une virée dans un centre d’achat en compagnie de son amie Laetitia Boyer, qui elle, est de race blanche.
À l’angle de l’avenue Beaumont et du boulevard de l’Acadie, une autopatrouille aux gyrophares allumés s’est approchée d’elle. Le conducteur lui a crié en anglais « Drop your longboard! », (Lâchez votre planche à roulettes!!!) tandis que l’autre agent tenait en main un objet qui semblait être son arme.
Terrorisée, Mme Elie s’est immédiatement immobilisée, a laissé tomber sa planche et a levé les mains en demandant aux policiers de lui expliquer ce qu’il se passait.
Un des policiers s’est avancé vers elle sans porter de masque. Il a menotté Mme Elie en lui expliquant qu’elle était soupçonnée de porter une arme. C’est un citoyen qui venait de la signaler faussement.
Les agents l’ont ensuite fouillée pour se rendre compte qu’elle ne possédait aucune arme et l’ont relâchée.
Ce n’est qu’une fois après lui avoir retiré les menottes que les agents ont expliqué à Mme Elie qu’ils répondaient à un appel concernant une personne armée, qui correspondrait à son profil. Les policiers sont partis ensuite, la laissant déstabilisée, seule dans la rue.
Son amie Laetitia Boyer a elle aussi, été interpellée par les policiers pour les même raisons. Sauf que la façon de la traiter était bien différente et empreinte de déférence.
« Les policiers m’ont proposé d’aller me reconduire chez moi pour des raisons sécuritaires, ce que j’ai accepté. »– Laetitia Boyer en entrevue à In Texto.
Dans son cas, les policiers l’ont interrogée et fouillée, mais ils ne l’ont pas menottée et l’ont même raccompagnée chez elle.
Le lendemain matin, Natacha et sa mère se sont rendues au poste de quartier 26 pour réclamer des explications. Elle ne recevra que quelques informations permettant d’identifier un des policiers en cause plus tard par téléphone.
Mme Elie, qui étudie en soins pré-hospitaliers d’urgence, est demeurée traumatisée pendant plusieurs mois. À ce jour, elle continue de ressentir de l’anxiété et de l’insécurité lorsqu’elle croise des policiers et elle craint que l’incident crée des obstacles pour son avenir.
Elle a voulu porter plainte, mais les séquelles psychologiques d’être menottée l’ont découragée. Elle se sentait aussi humiliée, craignant que des gens de son quartier aient pu la reconnaître. C’est l’affaire Camara qui l’a encouragée à agir.
« Quand j’ai vu comment Monsieur Camara a été arrêté et traité par la police, je me suis dit ‘’Non, il n’est pas le seul’’. Pire, J’attendais en vain des excuses et des explications plus formelles », dit Mme Elie.
« Si ça m’est arrivé, ça pourrait arriver à d’autres jeunes noirs, hommes et femmes, aussi. C’est pour ça que j’ai décidé d’agir », ajoute-t-elle.
Elle a mandaté le CRARR pour déposer des plaintes auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse et du Commissaire à la déontologie policière.
« Le CRARR salue le courage dont Natacha fait preuve en dénonçant cette arrestation et remercie ses parents pour leur soutien et dévouement », dit Mme Dominique Denoncourt, agente de mobilisation au CRARR.
« Nous espérons que son histoire permettra à d’autres jeunes, qu’ils soient mineurs ou majeurs, d’assumer pleinement leurs droits et leur place à titre de citoyens à part entière et à porter plainte », déclare Mme Denoncourt.
Soulignons que cet incident est survenu au moment où entrait en vigueur la Politique sur les interpellations policières du SPVM, qui vise à rétablir la confiance du public envers les policiers et à prévenir toute interpellation aléatoire ou fondée sur l’identité ethnoculturelle, la religion, le genre, l’orientation sexuelle ou le statut socioéconomique.
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2 Comments on “SPVM: une autre arrestation par erreur”
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