Un autiste expulsé de l’école parce qu’il est Noir ?
« Moi, je suis convaincue que mon fils est discriminé parce qu’il est un garçon grand et parce qu’il est Noir.», affirme Marie-Esther Ismé, mère de Brandon Lee, 16 ans et autiste, qui a été expulsé de l’École des Érables du Centre des services scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, à Deux-Montagnes.
Il s’agit d’une école spécialisée, pourtant, pour les jeunes de 5 à 21 ans vivant avec l’autisme que l’adolescent fréquentait depuis neuf ans jusqu’à ce qu’il commençait à se couper le bout des doigts en 2018, une des manifestations de son stress, lorsque celui-ci est élevé.
« Nous considérons que la présence de Bradon Lee à l’école constitue actuellement un risque excessif pour sa propre sécurité, celle des autres élèves ainsi que des membres du personnel. », écrit Kateri Str-André, la directrice de l’école, le 20 novembre 2020 à la mère pour l’informer de l’expulsion de son fils.
Pourtant le médecin de l’adolescent stipule qu’il est apte à être à l’école et que son cas ne nécessite pas d’hospitalisation actuellement. En conséquence, Mme Ismé, à travers le Centre de recherche action sur le les relations raciales (CRARR) a déposé une plainte en janvier dernier, auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).
« Un petit chaton »
Ce qui fait qu’entre janvier 2019 et septembre 2020, il n’aura eu accès qu’à 9 heures de scolarisation seulement.
Or, selon Mme Ismé, des enfants blancs qui ont des comportements beaucoup plus graves et sérieux pour leur sécurité et celle des autres, bénéficient d’un accompagnement et ne sont pas expulsés.
C’est le cas de la fille de Julie Marin qui fréquente la même école depuis trois ans.
« Ma fille a déjà blessé des éducatrices, brisé du matériel de l’école. Pourtant, elle n’a jamais été expulsée. C’est plate à dire, mais parce que ma fille…, elle est Blanche.»,
peste Mme Marin en entrevue à In Texto.
C’est elle qui a pris la décision, mardi dernier, de retirer sa fille de l’école en raison de son va-et-vient, une à deux fois par semaine, pour aller la chercher à chaque fois qu’elle devient agressive.
« Privilège blanc »
Catharine Cukier, mère, elle aussi d’un garçon autiste très agressif et qui a déjà fréquenté cette école des Érables, abonde dans le même sens que Mme Marin.
Pour Mme Cukier, il n’y a pas de comparaison possible en matière d’agressivité entre les deux garçons.
« Mon fils, qui pèse 230 livres, a déjà envoyé deux intervenants scolaires à l’hôpital, placé quatre d’entre eux en arrêt de travail. Pourtant, il n’a jamais été expulsé »- C. Cukier
Cette dernière a déjà reçu pas moins de 25 visites de la police pour un total de 75 policiers afin de l’aider à maitriser son enfant en crise.
Commotion cérébrale, blessure à l’épaule à la suite d’un chargement de son fils, se barricader dans une pièce en attendant l’arrivée de la police sont le lot de cette maman.
Mme Cukier a accès à un psychologue, un psychiatre, un ergothérapeute, un éducateur entre autres pour l’aider avec son enfant, alors que dans le cas de Mme Ismé il y a eu bris de services.
« Les personnes noires, les Autochtones, lorsqu’ils ont des problèmes de santé mentale, ils risquent d’être mal compris. Moi, je peux compter sur les policiers quand ils viennent. C’est probablement en raison de mon privilège blanc. »-
Catharine Cukier
Mensonge de l’école
En revanche, Marie-Esther Ismé, une femme de race noire a frappé à toutes les portes de l’école et passé par le Centre de services scolaires jusqu’au ministre de l’Éducation Jean-François Roberge.
Nada.
Une représentante du ministre l’a déjà contactée à deux reprises et discuté avec la direction de l’école des Érables qui aurait menti sur toute la ligne.
« Comme prévisible, les informations qu’elle a reçues de la direction de l’école sont mensongères ne font que confirmer la mauvaise foi et la mauvaise volonté des autorités de l’école et du Centre de services dont le but, clairement démontré par leurs actions, est de ne plus recevoir Brandon à l’école, sous aucune considération. » -Marie Esther Ismé
De leur coté, le Centre de services scolaire fait traîner en longueur l’affaire selon Marie-Esther Ismé. Avec l’aide du Centre de recherche action sur les relations raciales (CRARR), elle va porter plaintes auprès de la Commission des droits de la personne.
Extrait de la lettre de Mme Ismé au ministère.
« En particulier, dans son discours, l’école déforme et grossit exagérément les difficultés rencontrées avec Brandon et qui sont pourtant moindres que celles rencontrées avec certains enfants autistes blancs dont la scolarisation est maintenue.
A titre d’exemple, on a parlé à madame Bussières de fugues, comme d’une habitude répétitive, alors que Brandon n’a fait qu’une seule fugue le premier jour d’école, provoquée par l’inconfort que crée chez lui la manière dont il est accueilli .
Par ailleurs, la direction a parlé à madame Bussières d’une rencontre prévue pour le mois de janvier pour un PSII. Cette affirmation est carrément mensongère. D’une part je n’en ai jamais été informée et d’autre part, la travailleuse sociale, madame Jolaine Savoie, que j’ai interrogée, m’a confirmé qu’à sa connaissance aucune rencontre PSII n’avait été prévue au mois de janvier pour parler du cas de Brandon.
Considérant que le renvoi de Brandon a eu lieu au mois de septembre, ceci démontre le peu d’empressement de l’école et du Centre de services à s’occuper du cas de Brandon et y apporter une solution. Cette volonté d’étirer la situation le plus longtemps possible sans la résoudre est évidente avec la planification d’une rencontre seulement au mois de mars avec le CRDI, sans aucune date précise. Je dois mentionner que j’étais dans l’ignorance de cette rencontre et que j’en ai été informée le 20 janvier par la travailleuse sociale, madame Savoie qui l’a appris accidentellement lors d’un appel à la direction de l’école. Je ne peux m’empêcher de penser, me basant sur mes expériences antérieures, qu’il ne s’agit que d’un autre écran de fumée et que cette rencontre sera sans doute reportée à plus tard par l’école.
Afin de mettre un terme aux manœuvres et manipulations de mauvaise foi de l’école dans le but évident de ne plus jamais scolariser Brandon, je vous demanderais respectueusement, monsieur le ministre, d’utiliser toute votre autorité afin que, concrètement :
- La réunion avec le CRDI ait lieu le plus tôt possible, sans attendre le mois de mars;
- Un agenda de la rencontre soit préétabli et soit satisfaisant pour vos services;
- Madame Bussières y participe et vous représente;
- Des décisions concrètes et favorables à Brandon y soit prises;
- Un système de suivi soit mis en place pour s’assurer que l’école et le Centre de services scolaires ne puissent échapper à leurs obligations. »
Vous pourriez aussi aimer!
2 Comments on “Un autiste expulsé de l’école parce qu’il est Noir ?”
Comments are closed.
very nice thank you
J’ai laissé le Québec parce que les québécois sont trops raciste et ont aura jamais gein de cause quoiqu’ont fassent surtout avec des enfants autistes… cette madame devrait déménager dans une autre province et laisser les québécois entre eux.