Un «Observatoire» des jeunes noirs soutenu par des Blancs - Intexto, jounal nou
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Quelques jours seulement après le lancement officiel de l’Observatoire des communautés noires par le Sommet socioéconomique des jeunes des communautés noires (SdesJ), une équipe de la Fondation Lucie et André Chagnon, qui soutient cet incubateur de recherche, a visité les locaux du Sommet dans le quartier Saint-Michel, à Montréal.
Jean-Marc Chouinard, le directeur général, était accompagné de Patricia Rossi, vice-présidente des partenariats à la Fondation. Ils ont passé environ deux heures à s’enquérir de la situation actuelle du SdesJ .
« C’est tout simplement impressionnant le travail qui a été fait depuis 2017 », a dit Jean-Marc Chouinard en entrevue à In Texto à la fin de la rencontre.
«Nous accompagnons ce projet du Sommet, depuis sa phase d’idéation il y a deux ans. Les populations noires font face à plusieurs enjeux majeurs qu’il est important de documenter pour mieux agir.»— Jean-Marc Chouinard, président de la Fondation André et Lucie Chagnon
Doté d’un budget de 6 millions $ sur cinq ans, financé en grande partie par la Fondation, l’Observatoire aura quatre principaux champs d’intervention:
1. La recherche visant à documenter, analyser et mieux comprendre les réalités socioéconomiques des jeunes des communautés noires. Les travaux porteront notamment sur les impacts multiples du racisme anti-noir au Québec, le développement socioéconomique et les pratiques communautaires des communautés noires.
2. Le développement communautaire visant à soutenir directement les organismes œuvrant avec les jeunes des communautés noires en leur fournissant de ressources et de la formation ;
3. La mobilisation de divers acteurs pour favoriser la collaboration et la mise en commun de com-pétences et de connaissances, par exemple entre les chercheurs, les praticiens et les jeunes ;
4. La communication pour favoriser l’accessibilité et une circulation large de la connaissance pour promouvoir son appropriation par la population québécoise.
« Je pense aussi qu’il s’agira d’une base d’informations qui peut être extrêmement utile pour pouvoir convaincre et influencer des changements.», a fait remarqué M.Chouinard.
Une Fondation interpellée
La Fondation Lucie et André Chagnon, ce dernier, un entrepreneur électricien, qui, au début des années 60 avait fondé Vidéotron avant de le céder, en 2000, à Québécor, a comme mission de «prévenir la pauvreté ». Elle poursuit des valeurs importantes de Justice sociale et d’inclusion
La famille Chagnon a toujours été présente dans toute sorte d’œuvre, rappelle le président de la Fondation qui porte le même nom. Mais depuis environ 6 ans, l’équipe apprend beaucoup de ce qui se passe actuellement dans les sociétés ce qui leur permet de « changer d’approche »
« Des événements sordides » comme l’affaire Georges Floyd (USA), Camara (Montréal), Joyce Échaquan (Joliette) « interpellent toujours énormément notre humanité. », dit Jean Marc Chouinard
«J’ai parfois beaucoup de difficultés à comprendre mais en même temps, je comprends bien…, j’essaie de bien comprendre les racines de tout cela.», déclare le philanthrope lorsque In Texto l’invite à réagir sur ces histoires.
Ce qu’il en comprend, en fait, c’est que tout cela découle de «préjugés, des systèmes normatifs culturels, des réflexes de manière parfois insidieuse.», entre autres.
Et pour Jean Marc Chouinard, la meilleure façon de contrecarrer tout cela passe par un renforcement des capacités de ces communautés ou des organismes qui leur viennent à ces populations oppressées.
« Nous, dans notre rôle, on essaie de voir comment donner davantage de capacités et de pouvoir à des organisations qui les représentent et voir comment créer des ponts aussi. »-J.M. Chouinard
« Nos connaissances »
Les événements de la dernière année ont ramené à l’avant-plan les multiples formes de racisme et de discrimination dont sont malheureusement encore victimes les jeunes Afro-Québécois, que ce soit en matière d’emploi, d’opportunités économiques, d’éducation, d’accès aux services publics, de profilage racial, etc.
Ainsi, l’Observatoire des communautés noires du Québec entend de onstituer comme un levier pour s’attaquer aux inégalités propres à cette catégorie de la population. Il est soutenu par 51 organismes membres et par la Fondation Lucie et André Chagnon, une première au Québec et au Canada .
Au cours des 18 prochains mois l’Observatoire se donne pour objectif de dresser un portrait global des jeunes des communautés noires à l’échelle du Québec. Cet exercice permettra de mieux com-prendre leur réalité, notamment en ce qui a trait aux enjeux de racialisation et de racisme anti-noir.
De plus, au cours des deux prochaines années, il favorisera l’intégration dans le milieu de la recherche des jeunes des communautés noires en mettant en place un programme de stage.
« Il s’agira pour nous de dire : nous sommes aussi producteurs de notre propre connaissance. Nous avons une expertise.»-Désirée Rochat, directrice des programmes à l’observatoire.
On parle de :
Ils ont dit
« Le lancement de l’Observatoire des communautés noires du Québec marque un jalon important pour lutter contre le racisme anti-noir. Le Québec compte près de 320 000 afrodescendants, soit un Québécois sur 25. Pour bâtir un plus fort, plus juste et plus équitable, nous devons tout faire pour que ces Québécois aient accès aux mêmes opportunités et développent leur plein potentiel. Ce projet conçu avec nos organismes et les membres de nos communautés ne verrait pas le jour sans la contribution et la collaboration substantielles de la Fondation Lucie et André Chagnon. » — Édouard Staco, président du SdesJ
« Le terme systémique soulève plein de débats. Mais nous, on l’a nommé très clairement dans prise de positions publique »- Jean Marc Chouinard, président directeur général de la Fondation Lucie et André Chagnon
À propos du SdesJ : Regroupant plus de 50 organismes, le Sommet socio-économique pour le développement des jeunes des communautés noires est un réseau novateur qui a pour mission de contribuer à l’essor économique et social du Québec et du Canada en se concentrant plus spécifiquement sur l’apport des jeunes des communautés noires.