Vaccination: Dubourg et Mégie « montrent l’exemple »
Photo: Jean Numa Goudou
Sénatrice, député, les leaders des communautés se retroussent les manches pour prendre le vaccin contre la COVID-19, espérant «montrer l’exemple» à une catégorie de la population hésitante.
Après Marie-Françoise Mégie, médecin de profession, c’est au tour d’Emmanuel Dubourg, député de Bourassa de se faire vacciner. Samedi dernier, au centre de vaccination de Montréal-nord, une infirmière clinicienne, d’origine haïtienne, partage avec le député libéral, né en Haïti, les informations sur les vaccins afin d’obtenir son accord.
«Vous avez mon consentement.», dit-il avec enthousiasme à la professionnelle de la santé avant de se faire injecter la substance en toute quiétude.
Dans ce quartier plus de 13 000 personnes de 60 ans et plus se sont déjà faites vacciner à date. Mais combien de la communauté noire? Cette catégorie de la population est la plus touchée par la COVID-19 selon Statistiques Canada avec un taux de mortalité 3.5 fois plus élevé.
Il n’existe aucune donnée ethnique sur la pandémie dans la province. Car, contrairement au reste du Canada, Québec ne comptabilise pas ces informations.
«Il y a une hésitation au sein de la communauté. Et c’est pour cela qu’on est là pour prêcher par l’exemple.», indique la Dre Mégie, sénatrice à Ottawa.
Il y a une semaine, elle s’est faite injectée une première dose de Pfizer au centre de vaccination afin de contrer des théories complotistes qui suggèrent que la substance ne serait pas efficace, rendrait les femmes infertiles ou attaque l’ADN.
La réticence des communautés noires a des origines historiques liée à l’étude Tuskegee (une ville d’Alabama aux USA). De 1932 à 1972, sous la direction du Service de santé publique des États-Unis, 399 Noirs souffrant de syphilis ont été enrôlés aux fins de recherche associée à la maladie. Plus grave encore, 201 sujets en santé, à titre de groupe-contrôle, l’ont été sans leur consentement.
Emmanuel Dubourg, lui aussi, veut montrer l’exemple à sa communauté en recevant sa première dose. Dans son Comté, Bourassa, la situation est inquiétante en raison de l’hésitation mais aussi de la vulnérabilité de la population.
- Plus de 320 personnes ont perdu la vie, rien que dans son secteur, foudroyées par la COVID.
Voilà pourquoi il prend part à une vaste campagne de sensibilisation. Sa méthode de communication : convaincre les leaders d’opinion et surtout religieux.
Plus de 50 d’entre eux se réunissent avec lui ce lundi afin d’entrer dans la tête de leurs fidèles l’importance de tendre le bras à la vaccination.
«Il y a un faible taux de vaccination dans ce secteur. Il y a plusieurs qui ont été testés positif au niveau des «variants». Ces derniers sont plus présents dans certains secteurs.», s’alarme Mélanie Charbonneau, gestionnaire de l’Équipe mobile du CIUSSS du Nord de l’île.
Des cliniques éphémères se tiennent régulièrement dans le quartier afin de rejoindre cette population, à majorité immigrante. Ces derniers ne prennent pas rendez-vous au téléphone, ni par Internet, mais aiment débarquer sans prévenir.
Pour les atteindre, le CIUSS fait du Porte-à-porte, du placardage sur les pylônes, des appels téléphoniques (plus de 2000 par semaines), les médias, la radio notamment.
Idem pour Simon Sanon, dans la soixantaine, que nous avons rencontré à la Clinique éphémère de Montréal-Nord.
«Je ne suis pas dans le domaine de la santé. Mais, je vois des infirmières, des médecins qui l’ont pris. Et je dis : pourquoi pas moi aussi.»-S.Sanon. Il tente actuellement de convaincre son entourage à se faire vacciner contre la COVID-19.