Victime de « travaux forcés » à la Ville de Montréal?
Marc-Jacques Léon n’imaginait pas une seconde qu’en obtenant un boulot d’opérateur de machinerie lourde à la Ville de Montréal, à l’été 2020, qu’il allait subir « des travaux forcés » sur le site de la carrière Miron, dans l’arrondissement Saint-Michel, pour ensuite perdre son emploi au bout de trois mois d’essai.
La Ville a mis fin à ses services, le 10 novembre 2020, après avoir constaté, dit-elle « que ses compétences ne répondent pas suffisamment aux exigences de chauffeur opérateur d’appareil motorisé B. »
Or, M. Léon n’a jamais pu montrer ses compétences au poste pour lequel il a été engagé selon son témoignage mais celui du Syndicat des cols bleus qui le défend face à l’employeur mais aussi devant le Tribunal d’arbitrage, depuis plusieurs mois.
Chauffeur à signaleur de feuilles mortes
Son supérieur l’assignait plutôt à des tâches de paysagiste (comme tondre le gazon, couper la haie, passer le balai etc.)
« J’ai fait tout ça sans broncher, parce que je voulais garder mon boulot. », dit le chauffeur de classe 1 en entrevue à In Texto.
De plus, son supérieur lui faisait soulever des sacs de sable de 70 lbs, seul, afin de retenir un prélat à même le sol contre le vent.
« Il m’a fait lever les sacs plusieurs fois sous prétexte que c’était mal disposer avant de me dire que j’étais un incapable, se souvient-il, j’appelle cela des travaux forcés. »– Marc-Jacques Léon
« Je lui disais montre-moi étant donné que ce n’est pas mon domaine, mais il ne m’a jamais montré. » -Marc-Jacques Léon.
L’employé, à l’essai, de la Ville passe un mois à réaliser des tâches n’ayant rien à voir avec un opérateur 502 (chauffeur de machinerie lourde, camion) avant d’avoir sa première formation.
Son syndicat note dans un Mémo adressé à l’employeur et dont In Texto a obtenu copie qu’ « il a travaillé 260 h sans jamais toucher un seul véhicule 502, poste pour lequel il a été embauché.»
« On le fait travailler comme signaleur de récoltes des feuilles mortes, un code d’emploi 162. », dénonce le Syndicat des cols bleus.
Formation réussie
La seule formation sur camion à six roues qu’il a eue, il l’a réussi haut la main avec des notes de 100% ou de 91%, comme résultat le plus bas avec Martin Pelletier, un formateur expérimenté de la Ville.
« Mais mon contremaître remettait en question ma formation. Le formateur de la Ville, quand il s’agissait de mon cas n’était plus compétent selon lui. », remarque Marc-Jacques Léon
«M Leon ne conduit pas du tout comme quelqu’un qui a une formation ou qui a eu l’occasion de travailler sur un camion hors route dans le passé. », écrit le contremaître en question dans sa propre évaluation de la période d’essai de l’employé le 11 septembre 2020.
L’ancien employé de la Ville conteste les propos de son supérieur aujourd’hui et affirme que ce dernier faisait tout pour qu’il échoue ce test.
Il explique que ce contremaître, au moment de l’évaluation, «se déplaçait constamment derrière le camion, ce qu’un guide ne doit jamais faire. »
« Moi, dit-il, je m’arrêtais à chaque fois que je ne le voyais pas. C’est une question de sécurité. Mais il disait que je n’étais pas capable de reculer le camion. »
Réparation
M. Léon, qui a déjà travaillé pour Yah Way Transport, Qualinet Montréal comme chauffeur de camion dit avoir vécu tout cela comme « un coup dur » durant la pandémie.
« Cela a changé mon humeur dans la maison jusqu’à ce que je perds ma copine. J’ai vécu tout comme une dépression. »
Un stress qui lui a valu une intervention cardiaque l’année d’après ( soit en 2021). Devant le Tribunal d’arbitrage, M. Léon réclame réparation pour les torts qu’il a subis. La nature et le montant réclamés ne sont pas déterminés encore.
« Je trouve que j’étais victime d’un homme raciste. Il n’avait jamais engagé un homme noir avant moi et lorsqu’il me parlait, il visait toute ma communauté. »-Marc-Jacques Léon.
L’arrondissement Saint-Michel ou se trou la carrière Miron n’a pas voulu réagir et nous a référés à la Ville centre qui gère le Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM).;
«Il s’agit d’un dossier en arbitrage, le litige est actuellement en audition. À ce titre, la Ville de Montréal ne fera pas de commentaire.» nous a répondu Gabrielle Fontaine-Giroux, responsable d’activités, relations de presse, service de l’expérience citoyenne et des communications à la Ville de Montréal.