Violence/Montréal-Nord: « un silence coupable » des communautés - Intexto, jounal nou
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Au mitan, Valérie Plante devant la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord juste avant une marche contre la violence. La mairesse a refusé une demande d'entrevue de In Texto voulant laisser place aux acteurs du milieu de se prononcer.
Les coups de feu qui ont criblé le jeune Jayson Colin, Christine Black, la mairesse de Montréal-Nord, les a tous entendus. La scène s’est passé à quelques encablures de sa résidence dans l’arrondissement et l’a violemment réveillée vers 11h cette nuit-là.
Elle en parle avec émotion, car elle connait le jeune mais surtout sa mère. Et Christine Black est nouvelle maman d’une petite fille.
« Il faut trouver ces personnes qui commettent ces actes là c’est inacceptable. Un beau jeune pour lequel on a investi du temps qui se fait arracher sa vie de cette façon, c’est inacceptable. », plaide-t-elle.
Mais, voilà, à Montréal-Nord c’est quasiment l’omerta qui s’installe dans les communautés lorsque des actes comme cela arrivent.
Oussenou Ndiayé, directeur général d’Un itinéraire pour tous (UIPT), un organisme communautaire qui intervient auprès des jeunes, parle même de « silence coupable » dans ce cas.
« Il arrive dans des communautés qu’il y a des actions violentes qui se produisent, et quand la police arrive et personne ne communique. Mais comment on peut résoudre des crimes comme ça si personne ne veut se prononcer. » -O. Ndiayé.
Info-Crime, un organisme méconnu
Pourtant, il existe des mécanismes qui permettent à des gens de partager des informations avec la police en toute confidentialité et de façon anonyme : Info-Crime 514-393-1133. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif de la société civile qui, depuis 35 ans, aide à résoudre des enquêtes autour des crimes.
« Les gens pensent qu’Info-Crime c’est la police et du coup ils ne collaborent pas. », déplore le responsable de UIPT
« Les enquêtes s’arrêtent parce que personne ne veut parler. Après, cela devient une résilience, on accepte le principe que la violence ah…Ce n’est pas grave. C’est Montréal-Nord. », déplore l’intervenant communautaire.
De son côté la mairesse Black évoque le manque d’effectif au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) (entre 250 à 300 policiers) comme raison qui pourrait expliquer que certaines enquêtes n’aboutissent pas ou trainent en longueur.
Le manque de collaboration de la population joue un rôle aussi selon elle.
Malgré tout, Alain Vaillancourt, un élu du Sud-Ouest de Montréal et responsable de la Sécurité publique à la ville centre, estime que le SPVM fait « un très beau boulot. »
-92% des homicides à Montréal sont résolus
-67% à Toronto
« Ils sont très rapides sur les enquêtes, à Montréal. » dit M. Vaillancourt qui compare les deux situations en entrevue à In Texto. Il rappelle la rapidité avec laquelle la police arrête les principaux suspects des derniers crimes survenus à Montréal.
La pandémie en cause?
Pour lui l’accessibilité aux armes est inquiétante. La Ville travaille fort à diminuer la présence des armes dans les rues avec des saisies, rassure l’élu du Sud-Ouest.
Mais c’est la pandémie qui a créé ce nouveau phénomène selon les acteurs politiques que In Texto a consultés. C’est l’avis de M.Vaillancourt et de Mme Black
« Les jeunes étaient confinés et s’adonnaient aux réseaux sociaux. Cela a généré un autre univers encore plus fort en parallèle. Il va avoir des conflits sur les réseaux sociaux qui se règlent dans les rues.»- Christine Black.
Mais au niveau communautaire les notes sont discordantes.
Mais il affirme que les jeunes qui commettent ces crimes graves, âgés entre 15 à 16 ans, « sont impulsifs, ne réfléchissent pas et ne respectent pas les ainés.»
L’argent, nerf de la guerre?
Les acteurs du milieu, y compris la police, doivent s’asseoir ensemble pour comprendre ce qui se passe, prêche l’intervenant communautaire avant toute chose.
Certains parlent de financement à des organismes afin d’intervenir mieux auprès des jeunes. Mais, M. Ndiayé dit qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs dans ce dossier,
« Actuellement tout le monde dit qu’il nous faut des moyens. Moi je suis contre. Parce que avant de réclamer des moyens il faut savoir ce qu’on traite. »
Il soutient une démarche de prévention auprès des jeunes mais aussi des parents qui sont dans des situations socioéconomiques difficiles.
« Ils ont deux trois boulots et n’ont pas le temps pour les enfants, dit-il, si on ne leur met pas devant leur responsabilité on se retrouve devant un cercle vicieux. »
Elle a dit
« Il faudrait qu’on arrête d’être toujours en réaction, que de façon Trans partisane, pour essayer de trouver un plan de match très clair.»- Paule Robitaille, députée sortante de Bourassa-Sauvé
1,5 million du fédéral
Rappelons que le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino et le député de Bourassa, Québec, Emmanuel Dubourg, a annoncé, fin février dernier, un nouveau soutien fédéral pour aider les jeunes à éviter la criminalité. Avec 1,5 million de dollars dans le financement fédéral, le Un itinéraire pour tous projet – Jeunesse en action Montréal-Nord fera une grande différence pour les jeunes de ce quartier.
Le projet créera un programme d’intervention pour les jeunes, les aidant à développer des compétences pour vivre une vie sans violence. Il soutiendra des programmes éducatifs qui font la promotion d’activités non violentes, de l’engagement communautaire et de l’importance de rester à l’école. Il aidera également les parents avec des programmes de soutien pour les familles. Enfin, il financera une campagne de sensibilisation sur la lutte contre la violence à Montréal-Nord.